A quelques minutes du début d’un show ce mardi en Suisse, Michel Boujenah donne une interview à French Morning… et joue au poker sur internet. “C’est la seule manière dont je peux me détendre. J’oublie tout. ”
Bientôt, le comique pourra se prêter à ce petit rituel d’avant-scène sur le sol américain. Pour la première fois, il fera un show solo aux Etats-Unis. San Francisco le 9 mai, Los Angeles le 10, Miami le 15 et New York le 16… Il vient jouer son spectacle “Ma vie rêvée”, une biographie imaginaire où il revient sur son enfance en Tunisie, son départ pour la France, et aborde des thèmes plus profonds comme la mort, Mai 68, la liberté. Il annonce également une mystérieuse “déclaration d’amour aux nichons” .
“On m’a suggéré un jour de faire une autobiographie mais je ne voyais pas l’intérêt. C’est plus intéressant de se construire une vie imaginaire. Je me suis aperçu que je me posais toujours des questions sur notre départ de Tunisie. C’est un thème récurrent chez moi. C’est vraiment obsédant. J’ai été traumatisé par ce départ que je n’ai jamais accepté. Pour la première fois, je recolle les morceaux dans un show.”
Michel Boujenah est venu en France à l’âge de 11 ans. Brillant à l’oral mais “nul à l’écrit” , il commence le théâtre. Il enchaîne ses premiers stand ups avant d’entamer une carrière dans le cinéma. Il est révélé par ses rôles dans “Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu…” et “Trois hommes et un couffin” (qui lui valut le César du meilleur acteur dans un second rôle). Depuis, il y a eu deux nominations aux César (meilleur acteur pour Le nombril du monde d’Ariel Zeitoun et meilleure première œuvre de fiction pour son film “Père et Fils” avec Philippe Noiret et Charles Berling).
S’il y a bien une obsession qu’il n’avait pas, c’est jouer aux Etats-Unis. “C’est mon agent qui a insisté. Il m’a dit ton public est aussi aux Etats-Unis. Tu n’as pas le droit de refuser. Les journalistes en font tout un monde. Je vais jouer devant des gens qui parlent français. Y a pas de quoi être fasciné. Il n’y a que Gad (Elmaleh, ndlr) qui fait un vrai travail ici. Il est bilingue. Moi, j’ai du mal à être monolingue.” Ce n’est pas la première fois qu’on lui propose. “Il y a très longtemps, un metteur en scène américain m’avait proposé de venir m’installer à New York et jouer dans son show. J’y suis allé. J’étais angoissé. Je suis rentré au bout d’un mois. “
Malgré cet acte manqué, l’acteur ne sera pas complètement dépaysé. Los Angeles? “Je connais” . Miami? “Y a la mer. Je vais pouvoir pêcher” . San Francisco? “Je vais pouvoir conduire jusqu’à Sequoia Park” Il n’y a guère que New York, décidément, qui l’angoisse, lui qui se dit “profondément Méditerranéen” . “New York, c‘est trop grand. Le seul endroit où je me sens bien, c’est le Yacht club près de l’eau” . Au milieu de tout cela, il faudra monter sur scène. “Je viens avant tout pour jouer, comme n’importe où. Jouer, c’est sacré. Si j’écris un livre un jour, je l’appellerais Au premier rire. Car avant le premier rire, je suis mort.”