C’est une sorte d’exception dans cette étendue de m’as-tu vu artistique qui s’étale pendant la Art Week de Miami (liste à la fin de l’article). La foire, nommée Untitled Art et qui ouvrira les portes de sa 12e édition ce mardi 3 décembre – jusqu’au dimanche 8 décembre – sur le sable de South Beach, compte une centaines de galeries soigneusement sélectionnées. Ici, contrairement à l’incontournable Art Basel, pas d’œuvres de maîtres, en tout cas pas encore. L’idée est de faire la part belle aux acteurs émergents du monde de l’art. Tous les continents y sont représentés avec des professionnels venant, entre autres, du Nigeria, d’Australie, du Brésil et de Chine.
Côté français, la jeune galerie Camille Pouyfaucon fera ses premiers pas dans l’univers des foires américaines. Après plusieurs refus, la trentenaire a ouvert sa galerie il y a trois ans à Paris. Après un période d’itinérance dans la capitale française, elle a trouvé un local permanent dans le 6e arrondissement, le quartier historique des professionnels de l’art. Elle exposera donc pour la première fois à Untitled Art.
« Je pense que ce qui a joué en ma faveur cette année, c’est que j’ai décidé de ne montrer qu’un seul artiste. Ils aiment les solo shows lorsqu’on prend un petit stand. C’est une prise de risque qui s’est avéré payante », assure la galeriste. C’est George Stamatakis, un artiste grec à l’univers mélancolique, qui sera la vedette de son stand. « Son support est peu commun. Il travaille sur du lin. Il peint à l’indigo, un pigment naturel, qui respecte l’environnement », souligne Camille Pouyfaucon. Une technique qui vise à interpeller le public sur la nécessité de protéger la nature. Ce critère semble essentiel pour les organisateurs de la foire qui ont récemment rejoint un collectif de galeries nommé Gallery Climate Coalition et qui entend réduire l’impact du monde de l’art sur l’environnement.
L’artiste a volontairement adapté ses créations au marché floridien. D’ordinaire, il peint des forêts, mais pour la foire, ce sont des palmiers que les visiteurs – et potentiels acheteurs – pourront découvrir. « Je voudrais élargir mon réseau aux États-Unis, précise la galeriste française. J’ai beaucoup de collectionneurs américains et je compte m’implanter outre-Atlantique dès l’an prochain avec, peut-être, une ouverture de galerie, pourquoi pas à New York ».
La parisienne ne viendra pas seule à Untitled Art. Elle sera accompagnée de son mari, l’artiste Ben Arpea qu’elle expose à Paris. Mais à Miami, ils feront galerie à part. Le trentenaire, qui vit de sa passion depuis cinq ans, aura son solo show sur le stand de Fabienne Lévy, une galerie qui a des points de vente en Suisse, à Lausanne et Genève. « C’est bien de varier et de ne pas travailler toujours avec la même personne. Camille a besoin de ses autres artistes et moi de mes autres galeries », assure Ben Arpea, qui tient son inspiration des objets du quotidien et des paysage « dans un style simple mais pas simpliste », selon ses mots.
« Je travaille beaucoup les textures et les couleurs sont tres importantes pour moi », dit-il. Cette exposition marquera un petit tournant dans sa carrière. Aux six peintures de terrains de tennis ensoleillés, qui lui évoquent les maisons de vacances du sud de la France, s’ajoutent des sculptures qui représentent la nature. Une première pour lui qui n’a créé jusqu’ici que sur toile lors des foires. « J’aimerais, pour une fois dans ce genre d’évènements, aller au delà du côté commercial. J’adorerais que les visiteurs aient l’impression qu’ils entrent dans quelque chose d’immersif, surtout sur un stand de 15 m2 ! ».
À suivre également, lors de la Art Week de Miami, le sculpteur français François Weil. Il sera représenté en exclusivité aux États-Unis par Nicolas Auvray, un photographe qui tient une galerie dans le quartier de Chelsea à New York. Les sculptures cinétiques (art qui a le mouvement pour principe) pourront être admirées et achetées à la foire Art Miami. François Weil est connu pour avoir exposé ses assemblages de pierre parfois monumentaux notamment au Château de Chambord ou encore au musée de l’Air et de l’Espace au Bourget.
Autre tricolore présente cette année, Delphine Sellem. Elle exposera à Aqua, à South Beach. Ces oeuvres nous font nous interroger sur l’évolution de la relation entre l’homme et la technologie, et plus précisément sur la place de la créativité face à l’emergence de l’intelligence artificielle dans le monde de l’art.
Art Miami/context/aqua (3-8 décembre)
Scope (3-8 décembre)
Pinta Miami (5-8 décembre)
Spectrum – Red Dot (4-8 décembre)
Nada (3-7 décembre)
Untitled Art, 12th Street et Ocean Drive à Miami Beach, du 4 au 8 décembre. Site et réservation ici