Alain Godon a fait ses premiers dessins à même le trottoir, avec une craie. Aujourd’hui, il est bien loin de cette époque “street art”. C’est dans une galerie, la Markowicz Fine Art, qu’il exposera son travail dès le 12 février.
C’est lors de vacances au Touquet que Bernard Markowicz, le galeriste, a eu le coup de coeur pour les tableaux d’Alain Godon. Il lui en achète un. “Ce qui m’a plu chez lui c’est ce côté joyeux, plein de petites blagues, et en même temps plein de rigueur : il est très pointilleux” .
“J’ai alors cherché à le contacter, il m’a dit OK, 10 minutes, dans un café” , raconte le collectionneur. Et puis tous deux se découvrent des points communs, comme leur ville d’origine, dans le Nord-Pas-de-Calais. Leurs “10 minutes” se transforment en deux heures. Bernard Markowicz convainc l’artiste de venir voir Miami, où il voudrait exposer ses oeuvres. “Au début, je n’étais pas chaud pour Miami, avoue ce dernier. J’en avais l’image d’une ville balnéaire avec des mecs bodybuildés et des nanas aux seins refaits” .
Mais une fois sur place, Alain Godon est agréablement surpris. Miami n’a rien de la ville surfaite à laquelle il s’attendait. “J’ai été bluffé par l’architecture de la ville” se souvient-il. Quoi de mieux pour un artiste qui a fait des barres d’immeubles et paysages urbains ses muses…
Cette passion pour la pierre et l’urbain lui vient de son oncle, qui l’a élevé après la mort de son père. Son grand-père et lui étaient architectes. Sur ses toiles, Alain Godon peint les villes dans lesquelles il voyage. Méthodiquement, “à l’ancienne” . Il utilise uniquement de la peinture à l’huile, et sculpte avec du bronze, des techniques qui se sont raréfiées avec le temps. Il explique ce “purisme” par la manière dont ces matières vieillissent dans le temps : “mes toiles se sont embellies” . Il ne veut pas faire l’erreur de ces artistes qui dans les années 1950 peignaient “avec des peintures de cuisine” . “Aujourd’hui, ils sont obligés de tout restaurer” .
Cette authenticité semble presque en décalage avec la modernité des toiles d’Alain Godon. Celles-ci sont en effet ancrées dans le présent. Pas seulement à travers l’architecture que le peintre dessine, mais aussi grâce à tout ce qui entoure les immeubles, ces petits personnages et objets du quotidien lourds de sens. Alain Godon appelle cela “l’effet kiss cool à l’intérieur“. Par exemple, cette Deux-Chevaux peinte devant le Moulin-Rouge : rien “d’exceptionnel” à l’époque… Mais aujourd’hui, c’est une scène du passé.
Puisqu’il est persuadé, comme le disait Picasso, qu'”une toile n’est jamais finie“, il a choisi de modifier les siennes. Après les avoir prises en photo, il les a retouchées une à une sur Photoshop. “J’ai amélioré les ombres, le relief, des choses qu’on ne peut pas faire avec la peinture: c’était comme si je reconstruisais une autre oeuvre à partir de la même base” .
Certaines de ces “déclinaisons uniques” seront exposées à la Markowicz Fine Art. Bernard Markowicz a sélectionné 80 oeuvres de l’artiste, pour proposer au spectateur un “tour du monde en 80 oeuvres”. Un “carnet de voyage” composé de peintures et sculptures inédites.