« Cette exposition invite les visiteurs à se demander ce que cela signifie d’être chez soi dans ce monde, que ce soit par hasard, par nécessité ou par choix », explique Sheena Wagstaff, cheffe du département d’art moderne et contemporain du Metropolitan Museum of Art (Met).
L’exposition « Home Is a Foreign Place: Recent Acquisitions in Context » ouvre ses portes le mardi 9 avril au Met Breuer, l’antenne du célèbre musée sur Madison Avenue consacré à l’art récent. Elle se refermera le 21 juin.
Occupant tout le deuxième étage du bâtiment massif, les tableaux, sculptures et autres installations tentent de circonscrire de façon abstraite et conceptuelle la définition de maison, confrontée à « des événements culturellement significatifs comme les guerres dévastatrices, les injustices sociales et humanitaires, les migrations de masse et les changements économiques et environnementaux », peut-on lire sur le mur qui accueille les visiteurs.
« La notion de “maison” est compliquée et relative, résume Sheena Wagstaff. Elle évoque l’espace, le lieu, les biens matériels tout comme l’absence, la fragilité et parfois même le traumatisme », poursuit la conservatrice, qui décrit l’exposition comme une « traversée des arts et des frontières ».
L’exposition est répartie en cinq galeries. Le visiteur découvre tout d’abord une section dédiée au « langage et à l’abstraction » qui présente par exemple les sculptures de l’artiste libanais Walid Raad inspirées des arts de l’Islam au Louvre. La visite se poursuit avec « les traits et les mesures », un espace dédié à l’architecture et au rapport des artistes avec leurs studios.
La galerie suivante est consacrée à la « réitération spatiale », à savoir le rapport de l’art à l’espace avec par exemple l’œuvre « Untitled », montée sur place de l’artiste japonaise Kazuko Miyamoto, des milliers de fils tendus qui rappellent la forme d’une tente ou d’un nid. Les visiteurs découvrent ensuite une espace sur la valeur politique de la patrie, avec notamment une série de six portraits de Mao réalisée par Andy Warhol.
Enfin, l’exposition s’achève sur une vaste salle sur la notion de migration où l’on remarque entre autres une œuvre de l’Américain Robert Rauschenberg, « Bande de Sureté / Twin City / Nipples », faite à partir de cartons de transport (dont certains sont français), « la seule matière qui existe partout dans le monde », selon l’artiste.
Les œuvres présentées, datant de 1944 à 2016, ont presque toutes rejoint la collection du Met ces sept dernières années, précise Sheena Wagstaff. A travers ces acquisitions récentes, le Met Breuer propose de découvrir des artistes d’Amérique latine, du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord, d’Asie du Sud et du Sud-Est, mais aussi des artistes américains comme Jasper Johns qui accueille les visiteurs avec son œuvre « White Flag », un immense drapeau américain blanchi qui pose la question ambiguë, aux Etats-Unis tout particulièrement, de l’identité nationale.