Au milieu des mémoriaux sur la guerre du Vietnam, de la Corée et de la Seconde Guerre mondiale, on passe souvent à côté d’un petit monument en cercle, construit sur le National Mall pour remercier les hommes et femmes de la ville de Washington DC pour leurs services lors de la Première Guerre mondiale.
Si ce mémorial commémore les morts locaux, aucun monument fédéral n’existe au coeur de la capitale américaine pour honorer les victimes de la Grande Guerre. Cela ne devrait pas durer. Un futur édifice composé d’un mur sculptural de 20 mètres de long, représentant des soldats au combat, et d’une passerelle publique entourée d’eau, doit être inauguré le 11 novembre 2021.
À la baguette: la WW1 Centennial Commission, une commission nommée par le président des Etats-Unis, le Congrès et le président de la Chambre des représentants. Elle est chargée notamment de lever des fonds pour ce futur monument “qui honorera 4.7 millions d’hommes et de femmes qui ont servi pendant la guerre et les 116.516 de soldats américains qui y sont morts“, comme l’indique le message d’accueil du site.
Pour la Française et membre de la commission Monique Brouillet Seefried, “notre rôle est de commémorer le sacrifice des Etats-Unis et de servir de conseillers sur les activités de commémoration“, comme les programmes éducatifs dans les écoles.
De sa conception à son exécution, le parcours d’un projet de mémorial peut être péniblement lent dans la capitale fédérale. Après avoir obtenu l’autorisation du Congrès – un processus difficile en soi -, le comité des monuments commémoratifs doit obtenir l’approbation de son emplacement, ainsi que les fonds nécessaires pour couvrir le coût de la construction. Le comité a réuni 40 millions de dollars, dont environ 12 millions provenant de dons privés, pour mener à bien le projet.
En juillet 2016, le Service des parcs nationaux a approuvé l’emplacement du mémorial à Pershing Park, un site de 1,75 hectare situé sur Pennsylvania Avenue entre les 14e et 15e rues. En novembre 2017, une cérémonie d’inauguration du mémorial a été organisée.
Si Washington D.C. n’a jamais commémoré cette guerre au niveau national, c’est peut-être à cause du contexte de l’après-guerre, estime Monique Brouillet Seefried. “Après 1918, les Etats-Unis se sont renfermés sur eux-mêmes avec le retrait de la Société des Nations (SDN)“, rappelle-t-elle. Même si le principal promoteur de la SDN fut le président des États-Unis Woodrow Wilson, le Sénat américain refusa d’y adhérer. “Et puis la crise de 29 a aussi joué un rôle important“, explique-t-elle, ajoutant que “les deux millions de soldats, eux, étaient encore trop choqués pour pouvoir en parler à l’époque“.