Un Paris occupé, une jeune femme angoissée fumant clope sur clope et une attente interminable. Le film d’Emmanuel Finkiel, “La Douleur”, qui sortira en salles aux Etats-Unis le 17 août sous le nom de “Memoir of War”, est une brillante adaptation du livre éponyme et autobiographique de Marguerite Duras.
Il nous plonge dans l’intimité de la célèbre écrivaine française, alors âgée d’une petite trentaine d’années, entre juin 1944 et avril 1945, période durant laquelle “Marguerite” attend le retour de son mari, Robert Antelme, arrêté par la Gestapo pour faits de résistance et déporté en Allemagne.
Dans le rôle principal, Mélanie Thierry porte le film de ses yeux tristes et de ses longues bouffées de cigarette. On suit notamment la jeune femme dans ses tentatives de libérer l’être aimé en se rapprochant d’un collabo (interprété par Benoît Magimel). On se laisse happer par cette héroïne silencieuse qui perd peu à peu le goût de la vie, alors que, dans le même temps, Paris, enfin libérée, le retrouve.
“Ce qui m’intéresse, c’est qu’il n’y a pas une minute où je doute, je cherche un envoûtement”, explique Mélanie Thierry, installée dans le hall de l’hôtel chic à Manhattan où elle est logée, le temps de quelques jours de promotion new-yorkaise dans le cadre du festival de cinéma Rendez-Vous With French Cinema.
Pour la Française de 36 ans, ce rôle représente “une certain forme d’accomplissement”. “Cela me remplit de bonheur de pouvoir endosser ce genre de personnage, et de pouvoir m’inscrire dans ce genre de cinéma. Cela ne m’était pas forcément destiné”, explique-t-elle.
“J’adorerais être paresseuse”
Celle qui a reçu le César du meilleur espoir féminin en 2010 pour “Le Dernier pour la route” assure “être tout sauf une intello”, contrairement à celle qu’elle incarne à l’écran. “Pour le rôle, j’ai évité de me focaliser sur ce que Marguerite Duras représente en France parce que sinon je crois que j’aurais été perdue, dit-elle. Je viens d’un milieu tout à fait simple où la littérature n’était absolument pas centrale dans l’éducation. J’ai grandi sans jamais avoir le rêve de devenir actrice, et pourtant, aujourd’hui, je me retrouve à jouer une écrivaine. Je le vis comme une promotion.”
Une “promotion” qui vient couronner une carrière constituée de belles surprises. “J’ai toujours été étonnée de me retrouver sur certains projets. Parfois, je ne sais pas comment mon nom est arrivé sur la table, comme pour le film de Terry Gilliam (“The Zero Theorem”), ou celui de l’Espagnol Fernando Leon de Aranoa (“A perfect Day”, avec Benicio del Toro et Tim Robins). J’ai trouvé ça fabuleux.”
Toutefois, loin de s’en remettre au hasard, Mélanie Thierry affirme pouvoir compter sur sa persévérance. “J’ai toujours été un bon soldat, juge-t-elle. Je n’ai pas de facilités dans la vie. Je n’ai pas de don. J’adorerais être paresseuse et avoir quelque chose d’indéfinissable qui plaise mais je n’ai pas cela. Je sais que je ne vais réussir à avoir ce que je veux qu’en travaillant. Et le fait de travailler, de s’accrocher, de ne pas abandonner, ça finit par payer, je m’en rends compte. Ça vaut le coup de tenir bon.”