Revue de presse – En « Une » de la revue de presse cette semaine, le PDG américain Maurice Taylor a déchainé les médias suite à ses virulents échanges épistolaires avec Arnaud Montebourg.
Le Washington Post résume la situation ainsi, « c’est une bataille d’archétypes: Morry “le Grizzli” Taylor, le capitaliste milliardaire américain qui possède l’usine de pneus Titan International, s’en est pris à Arnaud Montebourg, le beau socialiste français dont le titre évocateur est ‘ministre du redressement productif’ ». En adressant à Arnaud Montebourg une lettre incendiaire critiquant vivement les travailleurs français, le chef d’entreprise américain s’est attiré les foudres en France. Comme le souligne le Huffington Post, « si Maurice Taylor pensait à des vacances en France dans un avenir proche, il va probablement devoir repenser ses plans. Le magnat américain des pneus y est devenu le nouvel ennemi public numéro 1 après ses remarques acerbes sur l’éthique du travail français ».
La querelle a fait renaître le débat sur les différends entre Français et Américains et les stéréotypes qui caractérisent chacun des deux pays. Pour le journaliste du Washington Post, « les deux protagonistes se prêtent à des stéréotypes des deux côtés de l’océan: quand les socialistes français veulent se sentir bien dans leur peau, ils avancent la manière dont ils diffèrent de gens comme Taylor, et, à en juger par les propos de Taylor, il fait la même chose en sens inverse ».
Le Washington Post revient sur le sujet précis de la polémique, autrement dit le fait que « selon la légende, les travailleurs français attachent plus d’importance aux pauses-café, et aux longs déjeuners qu’à une production efficace ». L’auteur de l’article conclut en rappelant que « dans tous les cas, les habitudes de travail des Français ont longtemps été un sujet polémique, l’objet de plaisanteries, mais aussi de discussions sérieuses. Au point que même le gouvernement socialiste a essayé de changer les lois du travail ».
Election invalidée, Corinne Narassiguin inéligible
C’est avec stupeur que la majorité a appris la semaine dernière l’invalidation de l’élection de Corinne Narassiguin, députée des Français d’Amérique du Nord, par le Conseil constitutionnel. Si la nouvelle n’a pas fait grand bruit dans la presse américaine, le New York Times a tout de même tenté d’éclaircir la situation dans un article titré “Victoire, puis, défaite“. La journaliste revient sur l’importance de cette victoire qui était “perçue comme un travail de longue haleine pour Mme Narassiguin, membre du Parti socialiste, quand elle a commencé à faire campagne en 2011, en partie parce les ressortissants français aux États-Unis ont tendance à pencher à droite à l’élection présidentielle“. Elle rappelle également l’importance que l’ancienne députée a eue dans le débat sur le mariage pour tous à l’Assemblée. “Bien que nouvelle venue au Parlement, elle a gagné en visibilité en tant que défenseur actif d’un projet de loi pour légaliser le mariage homosexuel en France, en insistant pour y inclure les couples français vivant à l’étranger”, conclut Emily Brennan.
Inquiétude face à une possible menace terroriste
Si l’on parle beaucoup de la menace terroriste aux Etats-Unis depuis le 11-Septembre, c’est la peur française qui est mise en avant cette semaine dans le New York Times. Pour Steven Erlanger, correspondant du quotidienen France, “l’intervention militaire française au Mali a augmenté la menace du terrorisme domestique, avec quelques citoyens français originaires d’Afrique noire de plus en plus prêts à se battre sous la bannière du djihad, selon les propos du juge d’instruction français qui connait le mieux le terrorisme“. Le journaliste revient sur les menaces qui pèsent sur la France et l’inquiétude des Français, notamment depuis l’affaire Merah, en citant le juge d’instruction Marc Trévidic. «Après Merah, qui a dit qu’il avait été recruté par Al-Qaïda, les Français ont peur du terrorisme », a déclaré M. Trévidic. «Ils ont peur qu’il puisse y avoir un ou deux ou trois Mohamed Merah. Et ils pourraient bien avoir raison, personne ne sait vraiment»“. Comme aux Etats-Unis, le terrorisme domestique existe aussi en France. “Les suspects sont plus jeunes qu’avant et encore plus en colère. Ils sont sûrs que nous voulons combattre l’Islam, que nous sommes contre l’Islam. Ils sont nés en France et ne sont pas musulmans pratiquants, mais maintenant ils prient et ils sont sûrs que nous sommes contre les musulmans“. Pour le correspondant, le problème vient principalement “d’un manque d’éducation religieuse dans les écoles publiques, qui sont laïques et fournissent rarement des cours de religion comparée“.
La taxe sur le numérique continue de faire débat
Dans un tout autre domaine, le New York Times s’est également intéressé à la fiscalité sur le numérique, l’une des grandes réformes de la loi des finances de 2014, mal comprise aux Etats-Unis. Le quotidien reste sceptique sur cette nouvelle idée de taxe, “seulement quelques semaines après que le Conseil Constitutionnel rejette une nouvelle taxe – un prélèvement de 75 pour cent sur les revenus annuels de plus de 1 million d’euros – une autre a commencé par percolation dans les couloirs du Ministère des Finances: une proposition de taxer la collecte de données personnelles sur Internet“. Le journaliste relève que “les perspectives de la proposition ne sont pas claires. Bien que le rapport ait été commandé par le gouvernement, ce n’est pas un document officiel, et le Ministère des Finances n’a pas encore pris position sur cette idée“. Il conclut en mettant en avant les enjeux économiques importants d’une telle réforme, et la manière dont la France compterait tirer profit de la croissance des entreprises du numérique, majoritairement américaines. “Comme d’autres pays européens, la France a été frustrée par son incapacité à augmenter les recettes fiscales de manière significative. Des milliards de dollars de chiffre d’affaires et des bénéfices que les entreprises Internet, pour la plupart américaines, génèrent chaque année en Europe“. Que les entreprises américaines paient pour combler les déficits ? En voilà une bonne idée.