Facette moins connue de l’oeuvre du chef de file du fauvisme, ses illustrations de livres. En particulier de poésie. Henri Matisse a mis en images les vers de Ronsard et de Stéphane Mallarmé. Et ce, loin de sa folie des couleurs, dans une sobriété extrême au trait de crayon minimaliste. C’est ce que fait découvrir l’exposition du musée de Forest Lawn, intitulée « Henri Matisse, a celebration of French poets and poetry ».
«Dessiner consiste à rendre la précision d’une pensée», disait le natif du Cateau-Cambrésis, dans le nord de la France. Surtout, opéré en 1941 suite à un cancer, il est quasi alité, ou se déplace en fauteuil roulant. La logistique que requiert la peinture à l’huile devient donc pesante. L’éditeur d’art Albert Skira lui passe alors cette commande et, en 1948, est publié le Florilège des amours, de Ronsard, illustré par 126 lithographies à la sanguine.
Matisse fait lui-même une sélection de poèmes de cette œuvre lyrique du XVIème siècle, qui lui permettent de représenter ses objets de prédilection : des portraits, des nus, des fleurs et des scènes de mythologie. On y croise ainsi Dionysos, Cupidon ou encore des nymphes innocentes. Ronsard y est même dépeint en Cupidon (ou Eros en Grec, dieu de l’amour), barbu et couronné de lauriers sur la tête, car c’est bien en amoureux romantique qu’il apparaît dans ce recueil de sonnets. Ainsi va l’Epitaphe de Marie (sa maîtresse qui vient de mourir) : « Maintenant tu es vive, et je suis mort d’ennuy. / Ha, siècle malheureux ! malheureux est celuy / qui s’abuse d’Amour, et qui se fie au Monde. »
Mais Matisse s’est mis bien plus tôt au dessin et à l’illustration. C’est en 1930 que ce même M. Skira lui demande de dessiner sur les Poésies de Stéphane Mallarmé (symboliste du 19ème siècle). Il s’agit cette fois de gravures au trait fin noir. Matisse rentre alors d’un long séjour à Tahiti, influence qui transparaît dans certains de ses dessins, notamment dans la vue d’une chambre d’hôtel à Papeete.
Evidemment, ce ne sont pas les peintures impressionnantes qui ont provoqué la célébrité de Matisse, mais pour les inconsolables de l’huile, ne pas manquer, dans la pièce arrière du musée, un petit chef d’oeuvre français bien caché : « La Vierge aux anges », de William Bouguereau.
Du 28 janvier au 8 mai, gratuit. 1712 South Glendale Ave, Glendale.