“Il y a des têtes d’affiche, mais dans certains cas, c’est pire qu’en France” . Au pays de Sheryl Sandberg (Facebook), Mary Barra (General Motors), Meg Whitman (Hewlett Packard), il serait facile de penser que les femmes sont intégrées dans le monde de l’entreprise. Ce n’est pas l’avis de Martine Liautaud.
La Française, qui a fait de la promotion des femmes en entreprise son cheval de bataille, vient de sortir Breaking Through (Ed. Wiley), un ouvrage d’entretiens préfacé par Christine Lagarde. Destiné à mettre en avant les bonnes pratiques pour favoriser l’égalité homme-femmes dans le monde des affaires, le livre contient des interviews de grands patrons (Marc Levy, Gérard Mestrallet…), de responsables de programmes de mentoring et d’experts sur des sujets aussi divers que les obstacles que rencontrent dans le monde de l’entreprise, les stratégies de carrière à adopter ou leur poids économique. “Pour moi, c’est un moyen d’évangéliser autour de la nécessité d’initier des politiques d’accompagnement pour les femmes et dire aux entrepreneures de ne pas s’isoler. Il y a des gens pour les aider” .
Promouvoir la place des femmes en entreprise: un combat que Martine Liautaud a épousé en 2010 après une longue carrière dans les fusions-acquisitions et le monde de l’investissement – elle a notamment mis des billes dans les éditions La Martinière dans les années 90. “C’était au moment du débat sur les quotas de femmes dans les conseils d’administration. Cela faisait longtemps que j’étais dans le milieu de l’entreprise et mes équipes étaient naturellement composées à parité d’hommes et de femmes. Mais j’ai été perturbée en découvrant les chiffres” .
Elle réunit des anciens de l’université Stanford, où elle a étudié en 1989, pour lancer en 2010 la Women Business Mentoring Initiative (WBMI), un programme d’accompagnement pour les femmes qui ont fondé leur entreprise depuis plus de trois ans. Elle développe aussi le Women Entrepreneurship Program en partenariat avec la business school de Stanford pour permettre à des entrepreneures du monde entier de bénéficier d’une semaine de formation sur le management, la négociation, la conduite du changement et les stratégies de croissance. La deuxième session du programme s’est refermée le 8 juillet à Stanford. “Notre ambition, résume-t-elle, est de créer un réseau mondial de femmes entrepreneures” .
Aujourd’hui, elle poursuit le combat à travers sa fondation, la Women Initiative Foundation, lancée l’an dernier pour lever des fonds et servir de laboratoire d’idées. Il y a encore fort à faire des deux côtés de l’Atlantique, surtout aux Etats-Unis. “En France, la politique familiale aide beaucoup les femmes. Alors qu’elles ne représentent que 10% des membres de conseils d’administration aux Etats-Unis, elles sont 30% en France et seront 40% l’an prochain, signale-t-elle. L’objectif n’est pas d’arriver à 90%. C’est trop radical. Mais il faut améliorer la situation. On est plus intelligent quand on est divers, mixte” . Aux Etats-Unis, elle pourrait bénéficier d’un coup de pouce de taille. “Si Hillary Clinton est élue, elle sera un modèle exceptionnel. Elle aura forcément un discours et des actes plus favorables aux femmes car elle est plus sensible à ces questions-là” .