“Gagner la présidentielle ne suffit pas“. C’est le titre d’un e-mail qu’ont reçu les abonnés à la newsletter du mouvement En Marche! aux Etats-Unis le 19 janvier. Le message rappelait la promesse faîte par Emmanuel Macron de présenter aux législatives “577 candidats dans le but de construire une majorité présidentielle” et affichait un bouton à cliquer pour proposer sa candidature.
En Marche! a reçu 14 000 candidatures de France et de l’étranger grâce à ce “crowdsourcing” électoral. Contacté, le siège du mouvement à Paris n’a pas souhaité communiquer le nombre de dossiers émanant de la circonscription nord-américaine, mais, selon différentes sources, plusieurs dizaines de marcheurs se seraient manifestés entre New York, Washington, Montréal et la Californie.
“J’ai entendu parler d’une trentaine de candidatures à la candidature. Ce sont des responsables de comité, des militants issus de la société civile”, raconte Benjamin Haddad, un chercheur au think tank Hudson Institute qui anime aujourd’hui En Marche! Washington.
CV, lettre de motivation, informations basiques, quelques lignes sur les raisons de son engagement, adhésions partisanes passées, description de la “situation politique dans votre circonscription“: les candidats à la candidature ont dû répondre à une série de questions avant de soumettre leur dossier en ligne.
Alors que certains candidats à l’investiture préfèrent rester discrets, ce n’est pas le cas de Thomas Rossignol. Ce Français jamais encarté ne cache pas ses couleurs – malgré son poste de conseiller diplomatique à la Mission française de l’ONU à New York. “Je ne me suis jamais engagé en politique et j’ai toujours voulu être au service des autres. Etre député serait l’aboutissement de ce processus. Cette démarche n’a de sens que si elle s’inscrit dans un projet auquel on croit“, raconte cet ancien officier de la Marine nationale et chef de mission sur le micro-crédit aux Restos du coeur à Paris.
Pour le moment, Thomas Rossignol et les autres candidats attendent des nouvelles de la commission d’investiture chargée d’examiner les dossiers sous la houlette de Jean-Paul Delevoye, ancien ministre de la Fonction publique de Jean-Pierre Raffarin. Lors d’une conférence de presse fin mars, pendant laquelle il a battu en brèche toute idée d’alliance avec le PS ou le Modem, Emmanuel Macron a précisé que les candidatures seront annoncées par vagues successives “d’ici au lendemain du second tour” de la présidentielle.
Ce qui laissera peu de temps aux marcheurs nord-américains pour faire campagne. “C’est extrêmement court. Faire campagne à l’étranger, ce n’est pas comme faire campagne entre Melun et Fontainebleau. On aurait aimé avoir plus de temps car il y a un potentiel extraordinaire. En même temps, les quelques candidats qui font campagne aujourd’hui pour la législative sont court-circuités par la présidentielle, affirme Christopher Weissberg, chargé d’En Marche! Montréal. Si Macron n’est pas élu, ça sera difficile pour nous. On aura peut-être quelques élus. En revanche, s’il gagne, on peut faire un bon score“.
“Avec 80% d’abstention à la législative, il y a une part importante de la population française en Amérique du Nord qui peut être tentée par une offre politique nouvelle”, veut croire Thomas Rossignol.
En attendant le Jour-J, les sections locales multiplient les réunions et les initiatives pour mobiliser et convaincre les indécis. Chaque jour qui passe sans candidat n’est pas perdu, selon Benjamin Haddad, à Washington. “Notre principal atout, c’est la dynamique de Macron, commente cet ancien militant UMP. Tout ce qu’on fait pour la présidentielle va se transposer sur les législatives. La dynamique aujourd’hui n’est pas chez Les Républicains ou les socialistes“.