“J’ai toujours au moins travaillé 60 heures par semaine” . NYFACS (New York French American Charter School) a un nouveau proviseur et il n’a pas peur de mouiller la chemise.
L’élégant Marc Maurice (costard-cravate lors de notre visite) est entré en fonction début avril à la tête de l’établissement bilingue d’Harlem. Avec trois heures de trajet tous les jours entre Harlem et le New Jersey, où il vit, il ne ménage pas sa peine. Qu’importe. Pour cet Haïtien qui parle français, créole et anglais, diriger un établissement “multiculturel” de 80 nationalités “est un poste idéal” . “Je suis sûr que je peux transformer l’école. En regardant le programme, on peut construire une école où tout le monde veut inscrire ses enfants” , dit-il autour d’un “jerk chicken” dans un restaurant voisin.
C’est le premier poste de Marc Maurice à New York. Ce natif de Port-au-Prince, qui a vécu à Montréal, a fait la majeure partie de sa carrière à Trenton, dans le New Jersey, où il a redressé plusieurs établissements en difficulté. Son dernier poste de proviseur fut à la Trenton High School, un lycée de 1.900 élèves qui connaissait un absentéisme important. M. Maurice y a lancé de nouveaux programmes sportifs et artistiques pour motiver les élèves et mobilisé parents, enseignants et responsables d’organisations locales pour lutter contre la violence des gangs et sécuriser l’environnement scolaire. “J’ai dit aux parents: ‘Je ne suis pas un psychologue’ . Il faut être flexible, mais il ne faut pas se laisser casser. Il faut constamment négocier en gardant un point très fort: l’intérêt de l’enfant, de l’école, dit-il. Ma philosophie est: si l’enfant est avec moi, il aura envie d’étudier” .
NYFACS a connu un passé agité. L’école a enregistré des résultats moyens à son ouverture et connu une mise sous probation pesante par le Département de l’Education new-yorkais, qui a obéré sa capacité à lever des fonds. En outre, des tensions ont parfois vu le jour en dehors de la salle de classe au sein d’une communauté d’enseignants, d’administrateurs et de parents africains, afro-américains et blancs, à l’image de la diversité croissante de Harlem.
Sous le précédent proviseur Edith Boncompain, arrivée en 2012 à la tête de l’établissement de 200 élèves, l’école a connu la levée de sa probation et son appréciation est passée de C à B sur le “Progress Report” du Département de l’Education.
Pour Marc Maurice, qui a visité NYFACS “6-7 fois” avant de prendre sa décision pour s’assurer que “le mariage serait durable” , l’école est mobilisée. “Il y a différentes nationalités, mais en arrivant à NYFACS, je n’ai vu qu’une famille, réunie autour du français” , dit-il. Jugeant l’école “sûre” , il veut revoir les méthodes d’enseignement. “Sur le plan pédagogique, il manquait de la structure à cause des changements de direction. Les professeurs faisaient leur travail mais ils étaient barricadés” .
Pour l’heure, NYFACS ne propose des cours qu’au 5th Grade et devra amender sa charte pour s’étendre au lycée. “Nous allons grandir, promet Marc Maurice. Nous allons changer la façon d’enseigner et améliorer les résultats et après nous ajouterons des niveaux” .
Parmi les chantiers qu’il veut lancer: l’enseignement différencié, en ayant recours à Study Island, un programme d’évaluation de chaque élève qui offre des pistes pour améliorer leurs résultats. Une méthode qu’il a éprouvée à Trenton. “La méthode de nos jours est de faire des évaluations et de créer des groupes de niveaux différents au sein d’une même classe pour faire le suivi” .