« Molière in the Park, c’est l’opportunité pour tout Brooklyn de se retrouver chaque année gratuitement autour d’une belle expérience théâtrale ». Lucie Tiberghien, metteuse en scène franco-américaine, est la fondatrice de Molière in the Park qui se tiendra les 18, 19 et 20 mai à Prospect Park (Brooklyn).
Inspiré de Shakespeare in the Park, très populaire festival de théâtre basé à Central Park où des pièces de Shakespeare sont jouées gratuitement chaque été, l’événement proposera pour sa première édition une mise en lecture du Misanthrope, traduit par Richard Wilbur. Dans ce classique, Molière met en scène une société faite de commérages et d’hypocrisie, dans laquelle Alceste, qui méprise les normes sociales, s’éprend paradoxalement de Célimène, une courtisane habile en société, qui aime plaire et qui se bat pour son désir d’indépendance.
Pour l’instant, le rôle de Célimène n’est pas pourvu. Samira Wiley, actrice américaine connue pour avoir joué dans la série “Orange is the New Black” sur Netflix et dans the “Handmaid’s Tale” sur HBO, a dû y renoncer pour des raisons professionnelles. Le rôle d’Alceste sera lui incarné par McKinley Belcher III, acteur américain révélé dans la série “Mercy Street” sur PBS et “Ozark” sur Netflix. Les lectures du Misanthrope dureront chacune deux heures et demie, entractes comprises.
L’évènement débutera par une soirée de levée de fonds destinés à financer la deuxième édition de « Molière in the Park » (l’entrée coutera 150$), et continuera avec deux soirées de lecture gratuites et ouvertes à tous. Avec ce projet, l’objectif de Lucie Tiberghien est avant tout de permettre au plus grand nombre d’avoir accès au théâtre : « je suis convaincue que le théâtre joue un rôle dans la société, il ouvre des portes dans le coeur et dans la tête, et je trouve que trop de personnes sont exclues de cette expérience. J’avais envie d’offrir au plus grand nombre l’opportunité de se retrouver autour d’une histoire où l’on peut rire, pleurer et se reconnaitre ». Cette initiative a pu voir le jour grâce, entre autres, au soutien du LeFrak Center de Lakeside, du Prospect Park Alliance, mais aussi de la fondation De Groot.
Lucie Tiberghien, qui a découvert Molière à l’école sans se passionner pour l’auteur, développe une relation particulière avec le Misanthrope après avoir assisté à la mise en scène de Jacques Lassale à Lausanne en 1998. Plus tard, elle monte la pièce avec des élèves de quatrième année à Juilliard, prestigieuse école privée de spectacles new-yorkaise, où elle découvre les traductions de Richard Wilbur, qu’elle trouve à la fois modernes et fidèles à la langue de Molière.
Elle affectionne particulièrement le Misanthrope pour son caractère universel. « C’est une pièce dans laquelle beaucoup de gens vont se reconnaitre quel que soit leur point de vue politique ou leur milieu social, dit-elle. Le thème prédominant du Misanthrope est l’hypocrisie, et je pense que l’on vit à une époque d’énorme hypocrisie, où la tendance est de dire une chose et d’en penser une autre ».
Pour intéresser le grand public new-yorkais à Molière, Lucie Tiberghien a la solution: “je vais vendre le fait que Molière est un théâtre comique, politique, et qui peut être engagé. Molière est un auteur populaire dans le sens où il aime les gens, son théâtre est généreux, son approche de l’humanité est pleine d’empathie et de compassion“. Elle espère déjà que Molière in the Park pourra être reconduit l’année prochaine, avec cette fois-ci la lecture d’une nouvelle pièce ou une production complète du Misanthrope.