C’est un petit édifice situé dans une rue calme, à l’abri de l’agitation qui règne, à un bloc de là, sur Sunset Boulevard.
Le hall d’entrée donne d’emblée le ton : babyfoot, chaises colorées dépareillées, plaids sud-américains, guitares électriques et plafond en ardoise recouverts de dessins d’artistes angelenos, gribouillés à la craie. Bienvenue chez Mama Shelter, la chaîne d’hôtels et restaurants française adulée des hipsters.
Lancée en 2008, à Paris, la marque a rencontré un tel succès en France qu’elle a décidé de se lancer à la conquête de l’étranger, en pariant sur Los Angeles pour sa première implantation aux Etats-Unis.
“Nous avons un principe chez Mama Shelter: nous n’ouvrons que dans des villes que nous aimerions habiter”, explique le co-fondateur Benjamin Trigano, derrière ses petites lunettes à monture transparente. “Je vis à L.A depuis treize ans. C’est donc un choix qui s’est imposé naturellement. Los Angeles est une ville profondément “mama”: un mélange de chaos et d’excentricité”, note ce quadra, également directeur de la galerie d’art contemporain M+B à West Hollywood, fréquentée par les plus grandes fortunes de L.A.
Club Med family
Avec les deux autres co-fondateurs, son frère Jérémie et son père Serge (ancien président du Club Med), Benjamin Trigano a souhaité aller à “contre-courant des tendances”, en se mettant à la place des gens qui voyagent. ‘“Nous voulions à tout prix sortir des ghettos à touristes, où l’on trouve les mêmes chaînes de mode, que l’on soit à Londres ou New York. Nous sommes ici à deux pas du Westside, mais le quartier offre aussi un petit goût du Hollywood historique, avec sa vieille poste et le panneau Hollywood”, visible depuis certaines chambres.
L’immeuble qui abrite le Mama Shelter date des années 30. Jimmy Hendrix y a même séjourné. “Les Stones et Sinatra ont aussi enregistré à quelques mètres seulement d’ici. Il y a une sorte de karma musical et artistique qui correspond très bien à l’esprit que veut incarner Mama Shelter.”
Prix relativement accessibles
Les prix sont relativement accessibles, à partir de 149 dollars la nuit. “Tout le monde est le bienvenu, jeunes, vieux, ploucs ou branchés. Un peu comme dans ces hôtels des années 80, où les travestis croisaient les hommes d’affaires et les starlettes, s’amuse Benjamin Trigano. Ici, on vend du fun, pas du cool comme tous ces boutique-hotels prétentieux qui fleurissent partout. Nous voulons que les clients aient l’impression qu’ils sont comme à la maison, dans une ambiance conviviale et bon enfant.”
Ce côté ludique et décalé se retrouve à l’étage, dans chacune des chambres aux lumières tamisées : au-dessus de lits blancs moelleux sont accrochés des masques de nuit en forme de têtes de pandas.
Sur la table de chevet, la Bible, traditionnellement présente dans toutes les chambres d’hôtels américaines, côtoie la biographie sulfureuse de Keith Richards. Hollywood oblige, des scripts de scénaristes peuvent aussi y être feuilletés.
Après L.A, Detroit ou La Nouvelle Orléans ?
Contrairement aux autres Mama Shelter, l’hôtel de L.A ne porte pas la patte du designer Philippe Starck. “Nous avons voulu créer un mélange entre le Mama et le vieil hôtel californien, avec son marbre foncé typique. Du coup, on a un peu calmé le design”, explique Benjamin Trigano.
En plus du bar-café-restaurant du rez-de-chaussée (le jeune chef est passé par l’Atelier de Joël Robuchon), un rooftop doit aussi prochainement, comprenant un autre restaurant, une salle de projection où les films seront diffusés sur des draps, ainsi qu’une salle de sport dans l’esprit Muscle Beach de Venice.
Après Hollywood, les Trigano réfléchissent déjà à l’ouverture d’autres hôtels sur le territoire américain. “Nous y allons toujours au feeling, plutôt que de nous lancer dans une étude de marché”, explique Benjamin Trigano. “Pourquoi pas Downtown L.A, qui explose en ce moment. Ou Detroit ou La Nouvelle Orléans, des villes sous-exploitées, auxquelles on ne pense pas forcément mais où l’on ressent de vraies vibrations culturelles, artistiques et historiques.” A suivre.