« Pour quoi les gens à New York font-ils la queue aujourd’hui ? » se demandait récemment le New York Times. Et le quotidien de citer l’Appartement 4F, une boulangerie de Brooklyn lancée par le Français Gautier Coiffard et son épouse américaine Ashley.
Il aurait aussi pu inclure From Lucie, la boutique de la Française Lucie Franc de Ferrière, dans l’East Village. Depuis son ouverture en janvier, le petit local spécialisé dans les gâteaux à fleurs ne désemplit pas. Mieux, il y a une file d’attente pour y entrer, comme ont pu le constater Vogue et amNewYork. « J’avais posté une photo avant sur les réseaux sociaux pour annoncer le lancement. Elle avait recueilli beaucoup de “j’aime”, mais personne n’avait dit qu’il viendrait. Je n’avais aucune idée du nombre de gâteaux à faire, explique-t-elle. Deux heures avant l’ouverture, des gens commençaient à sortir leurs chaises pliantes pour patienter. Quand je suis sortie de la cuisine et que j’ai vu ça, ça a été un choc ! »
Ce succès n’est pas complètement une surprise. Depuis qu’elle s’est lancée dans la confection de gâteaux fleuris après avoir perdu son job dans une galerie au début de la pandémie, la Française s’est construit un fan club fidèle sur Instragram grâce à ses créations colorées, photogéniques et rudement bonnes. Au début de l’aventure, elle les préparait dans son appartement et au sous-sol du café ouvert par son mari, Gurpreet Singh, où elle les vendait aussi.
Face au succès de sa petite affaire, qui a tapé dans le palais des chanteurs Lorde et Harry Styles, elle décide d’ouvrir un local, qui évoque la campagne française de son enfance, où sa mère l’a initiée aux joies de la cuisine. « Je voulais faire rentrer mes clients dans mon univers, dit-elle. J’ai fait tout le design du local, du sol aux murs. Il représente des moments que j’ai vécus avec ma famille et d’autres souvenirs ». Les Français noteront notamment la présence d’un livre de recettes de Maïté près de la vitrine – « c‘est ma Bible ! », glisse Lucie Franc de Ferrière.
La carte ? Elle « dépend de mon humeur du moment », explique l’entrepreneure. Lors de notre visite, la sélection comprenait un gâteau à la poire avec confiture de framboise et crème de beurre d’érable, un carrot cake avec du fromage frais ou encore un gâteau au chocolat avec une crème de beurre salé espresso. Chaque pâtisserie est coiffée d’une fleur comestible provenant d’une fleuriste locale qui les nettoie avant que Lucie Franc de Ferrière ne vienne les chercher. Celle-ci les place ensuite dans un frigo disposé près de la caisse pour que les clients puissent les voir.
Trois tabourets permettent de prendre place à un petit comptoir près de la vitrine, mais vu la petitesse de l’espace et le flot quasi-continu de clients, les places sont chères.
L’ouverture a été facilitée par une campagne de financement participatif lancée en novembre sur Kickstarter. Celle-ci a permis de récolter 40 000 dollars. « J’ai mis dans cette boutique toutes les économies que j’avais constituées en faisant des gâteaux ces trois dernières années. Kickstarter m’a permis d’acheter des équipements comme le four et un grand batteur sur socle. Ça m’a énormément aidé. Tout le monde était très excité à l’idée d’avoir participé à la création de cet endroit. »
Elle indique avoir recruté treize personnes pour faire tourner l’affaire. Il faut bien ça, car les clients en redemandent. « En général, on ouvre à 11 heures et on vend tout en 1h30. Les week-ends, en deux heures…, dit-elle. Il faut que je trouve plus d’employés pour qu’on arrive à produire davantage, mais j’aime bien l’idée que nous sommes une petite boutique qui privilégie la qualité à la quantité ». Prenez place dans la file d’attente.