La boutique est discrète, aucun nom sur la façade ni de bannière grand opening. Mais nous sommes bien chez Maison Jar, le nouveau magasin en vrac qui vient d’ouvrir à Greenpoint. À sa tête, la jeune Française Larasati Vitoux qui lance ici sa première aventure entrepreneuriale. Originaire d’Orléans, Indonésienne par sa mère, Larasati Vitoux a fait ses études aux Mines d’Albi, et a commencé sa carrière chez le fabricant d’ingrédients naturels Naturex à New York, en 2012. « C’était un hasard, je n’avais jamais mis les pieds aux États-Unis mais j’ai trouvé un travail. Je ne pensais pas forcément rester ici très longtemps. »
Après huit ans chez Naturex, elle éprouve un besoin de changement, tout en restant dans le secteur de l’agroalimentaire. Lorsque la pandémie éclate, elle en profite pour quitter son emploi, et voyager sur la côte Ouest et en France pour voir sa famille. « J’ai été surprise de voir autant d’épiceries en vrac à Paris et même à Orléans, qui en compte 4 ou 5 alors que c’est une ville moyenne. »
À son retour à New York, elle passe un certificat de développement durable dans l’agriculture à la Tufts University de Boston, en ligne. Elle lance en parallèle une étude de marché des épiceries en vrac de la ville, et se rend compte qu’il n’existe qu’une seule adresse dans New York : Precycle, à Bushwick, et un autre à Montclair, dans le New Jersey. À côté de cela, les supermarchés co-ops comme celui de Park Slope ou d’autres adresses existent pour des produits d’entretien et de personal care, type savons, etc. Elle décide de se lancer. « Le côté manuel me plaisait beaucoup, je ne me voyais pas derrière un ordinateur. Surtout, ce qui m’a convaincu c’est de créer une communauté avec une mission et un impact », raconte-t-elle.
Après avoir élaboré son business plan et cherché des producteurs, elle se met à la recherche d’un local dans le quartier en février 2021. Cela prendra huit mois pour trouver la bonne adresse, qui entre dans son budget et soit assez fréquentée. Elle la trouve au coin de Nassau Avenue et Leonard Street (566 Leonard Street). A l’intérieur, les étagères ont été faites sur mesure et de grands distributeurs sont installés avec toute une offre de produits secs : pâtes, riz, noix, haricots, graines en tous genres, granolas, café mais aussi des pots hermétiques remplis de bonbons, chocolats et fruits séchés. « Ce sont des best-sellers », ajoute-t-elle.
À cela s’ajoutent du beurre d’amande et de cacahuète faits maison sur place, des huiles (de chez Simpli) et vinaigres, des thés et épices. Quelques produits frais, fruits et légumes, sont disponibles, ainsi que du lait bio local, et l’offre devrait bientôt être enrichie. « Il existe beaucoup de distributeurs spécialisés dans les produits bios et locaux à New York, nous avons de la chance à New York ». Enfin, une deuxième partie du magasin est dévolue aux produits d’entretien, savons, crèmes etc, notamment du canadien Oneka. « Les canadiens sont les meilleurs pour les produits de personal care », glisse-t-elle.
Chaque personne peut venir avec son contenant, le pèse à vide puis inscrit le poids sur une étiquette avant de passer en caisse. Les premiers retours sont très positifs pour Larasati. « Nous avons eu beaucoup de monde le week-end dernier, les gens sont ravis et ne semblent pas trop perdus sur le fonctionnement. Nous voyons aussi bien des jeunes très concernés par l’écologie que des personnes âgées, qui peuvent acheter de petites quantités ». Le site Internet devrait être lancé d’ici peu, et Larasati Vitoux a encore de nombreux projets pour développer son épicerie, déjà choyée par les résidents écolos de Brooklyn.