Maison Close, une marque de lingerie française lancée en 2006, n’avait jusqu’ici aucune boutique à elle, et vendait ses collections en ligne, chez des détaillants ou dans des grands magasins. Ce mois-ci, elle ouvre sa première enseigne, non pas à Paris mais à New York, dans le quartier de SoHo.
Une décision loin d’être évidente pour Nicolas Busnel, le fondateur de la marque, qui est aussi le designer de toutes les collections. “Au début, je ne voyais pas Maison Close aux USA. Je ne fais pas les tailles américaines, j’ai un style bien différent de ce qui se fait ici. Mais les collections se vendent très bien ici, on a eu beaucoup de presse, alors j’ai fini par ouvrir un bureau à Miami, puis à New York, en 2010. Vu les prix des loyers, je trouvais dommage de ne pas profiter de ces bureaux pour faire une boutique, donc on a lancé ce projet.”
Bracelet en cuir, chemise noire ouverte et verre de Sancerre à la main, cet ancien graphiste de 45 ans n’a pas le profil classique de l’entrepreneur. Pas très à l’aise pour parler de lui, il dit d’emblée qu’il n’est pas fan des interviews. C’est d’ailleurs pour éviter d’être trop exposé qu’il se cache derrière le nom “Monsieur le Français”, sur les réseaux sociaux ou sur le site de Maison Close.
Dans cette nouvelle boutique, on trouvera ainsi ses collections de soutien-gorges, combinaisons, strings, guêpières, nuisettes et porte-jaretelles, dans une ambiance de boudoir (lustre et tapisseries érotiques). Beaucoup de noir, de dentelle, de tulle et de cuir, avec des collections qui font référence aux années 20, au monde de l’équitation, de l’automobile rétro, du burlesque… Un univers proche de celui de la marque Kiki de Montparnasse, qui possède aussi une boutique à SoHo. Avec des prix raisonnables.
Nicolas Busnel mise beaucoup sur son côté “français” (entendez : sophistiqué, complexe et sexy) pour plaire aux clientes américaines. “Mes pièces sont fantasmagoriques et très visuelles. Sans doute parce que je suis un homme, je suis très sensible au toucher, j’aime les matières délicates, mais aussi les formes issues de l’univers masculin, comme la ceinture, le shorty, le plastron de smoking”, confie Nicolas Busnel, qui fait lui-même les photos de toutes ses collections. “Maison Close, ce n’est pas de l’underwear. Ce sont des pièces qui se suffisent à elle-mêmes. J’aimerais que les femmes choisissent d’abord leurs dessous, et ensuite leurs dessus. Que leur lingerie soit quelque chose qui leur donne de la force, un peu comme une armure.”
Nicolas Busnel semble le premier surpris du succès de Maison Close, qui a démarré comme un “side business” à côté de Lovely Planet, son entreprise qui emploie 35 personnes à Marseille et commercialise des sex toys. “Mais je veux séparer ces deux entités, ce sont deux histoires différentes. Au départ, Maison Close, c’était une démarche inconsciente, je voulais dessiner des modèles sexys et pas trop chers. Ca a marché, et l’histoire m’a absorbée malgré moi”, raconte ce père de deux enfants, par ailleurs passionné de moto et par les “sports mécaniques” en général.
Les collections de Maison Close, qui emploie sept personnes et a réalisé 2,5 millions d’euros de chiffres d’affaires en 2014, ont emporté un prix au UK Lingerie Awards de 2013, et sont très régulièrement montrées dans les magazines féminins.
Si la boutique de New York prend bien, Nicolas Busnel réfléchira à en ouvrir une à Paris. Il aimerait aussi développer des “mini-séries” plus “risquées et complexes”, et mettre en place un service de création de pièces sur-mesure. Adaptées aux fantasmes de chacun.