Un fauteuil pour trois. C’est ce que laissent entendre Stephan Castle et Steven Erlanger dans le New York Times. Parce que si l’Europe peut gagner en efficacité et en puissance avec ce traité, c’est à condition que la France, l’Angleterre et l’Allemagne laissent une personnalité incarner l’Union face aux Etats Unis mais aussi à la Russie, la Chine, l’Inde et le Brésil émergents. « Quand ils se réuniront pour un sommet ce mois-ci, les 27 leaders européens devront choisir entre un tempérament charismatique, ou quelqu’un de plus soumis ». Une concession que ne seraient prêts à faire ni l’« omnipotent et pétulant » Nicolas Sarkozy, ni Angela Merkel, dont le poids dans la décision est bien sûr décisif.
L’édition du week end du NYT revient sur l’affaire Polanski, et souligne une fois de plus son incompréhension face à tant d’indulgence de la part des politiques, artistes et intellectuels français. Une “classe dirigeante“, peopolisée par dessus le marché, qui croit que son statut d’élite l’autorise à cautionner le plus abjecte des comportements. De quoi confirmer, selon le journaliste, cette différence déjà démontrée entre une Amérique moralisante et une France libertaire…
A lire aussi dans le New York Times de ce lundi, David Jolly et Matthew Saltmarsh s’interrogent sur une tout autre contradiction : l’aporie du système de protection sociale français, éclairée par la vague de suicides qui touche France Telecom depuis huit mois. Pourquoi, alors qu’ils sont protégés par une législation du travail très stricte, les travailleurs français se sentent autant en insécurité ? « La réalité est en fait bien différente » de ce que renvoie l’image de la semaine des 35 heures, soulignent nos confrères du NYT, s’appuyant sur le témoignage d’une psychiatre spécialisée. Depuis une trentaine d’années, le mal être de ses patients s’est détourné vers les problèmes rencontrés au travail, alors qu’auparavant il concernait la vie plus personnelle. Quelle réponse du gouvernement français ? « Avoir un travail, même des plus stressants, est mieux que d’être au chômage » selon Xavier Darcos, ministre du Travail, cité dans l’article. Aller bosser avec le sourire ne serait pas encore la priorité en France, où le taux de chômage a atteint les 9,8% en juillet dernier.
Moins grave, mais peut être tout aussi nocif pour le moral des Français, les photos de presse et images publicitaires souvent trop travaillées, au point de déformer la réalité de la vie. Le Time salue cette semaine l’opiniâtre bataille livrée par le député UMP Valérie Boyer contre la retouche numérique mensongère. Usée à outrance par les différents médias et autres annonceurs publicitaires, elle entraîne une standardisation effrayante des canons de beauté, que ce soit à travers le yaourt que l’on mange, la voiture que l’on achète où l’opérateur téléphonique que l’on choisit. L’arme qu’a choisit Valérie Boyer ? Des labels d’avertissement placardés sur les photos retouchées, au même titre que FUMER TUE ou ATTENTION : OGM. Le journaliste Bruce Crumley reste sceptique quand à l’acceptation par la société française d’un tel dispositif – si tant est que soit votée cette proposition de loi, dans ce « pays où la beauté est tellement vénérée »…
Beauté naturelle certes, mais par pitié stop au Speedo dans l’eau ! Dans le Daily Beast, Sean Macaulay tire la sonnette d’alarme : raz le bol du « ridicule et effrayant » slip de bain porté par ces nageurs de compét’, en passe de devenir la norme olympique au grand dam de la combinaison intégrale. Elle vient hélas d’être interdite par l’institut américain de natation olympique. Ne manquez pas ces deux pages croustillantes d’un traumatisé du slip moulant, qui compare le Speedo à une pièce de Samuel Beckett : « pas de plaisir à regarder, mais un respect à contre cœur pour la pureté sévère ». N’omettant pas de railler la dure loi des piscines municipales françaises, le journaliste déplore aussi que le slip soit une obligation quasi-compulsive en Europe.
Le Speedo à la française a mauvaise réputation outre-atlantique ? Pas moins que ce projet d’ouverture du 1135ème Mac Do dans les murs d’un des plus célèbres monuments de la capitale… le Louvre ! Le New York Daily News regretterait presque cette intrusion si incongrue ; « un pays connu pour apprécier la haute cuisine et les plaisirs des recettes régionales tombe bien bas pour la junk food standardisée à l’américaine. »