Installée confortablement dans le taxi qui l’emmène a l’aéroport Charles De Gaulle, Frédérique ne peut s’empêcher de sourire en pensant à la tête qu’elle faisait, il y a un an, jour pour jour. «C’est fou comme j’ai pu changer en une année. J’étais tellement angoissée rien qu’à l’idée de venir vivre dans une ville que je n’avais pas choisie et qui parle une langue qui m’est étrangère. Quitter mes amis, mon travail et mon petit train-train bien confortable fut si douloureux. C’était comme si je m’étais perdue et que je n’arrivais plus à me retrouver ».
Habiter un jour à New York n’avait jamais traversé l’esprit de Frédérique, le rêve américain n’est pas le sien. C’est pourtant en plein mois de septembre qu’elle atterrit à JFK avec son mari, une partie de leur vie bien pliée dans leurs bagages. Paul, avocat d’affaires dans l’un des cabinets les plus huppés de Paris, vient d’être transféré pour une durée de deux ans dans la maison mère sur Madison Avenue. Frédérique, très réticente lorsque cette opportunité s’est présentée à eux, a fini par accepter. Elle aime voir Paul heureux comme un enfant. Elle avait prévu de s’arrêter de travailler pour s’occuper d’un projet qui leur tenait a cœur, fonder une famille, mais «c’est d’un petit garçon de 31 ans dont je vais m’occuper maintenant» soupire-t’elle.
Six mois ont passés quand ils viennent me voir. Leur couple est en crise. Paul vit une expérience formidable et profite de chaque instant à fond, alors qu’au même moment Frédérique est méconnaissable, tant elle se sent triste, seule et inutile. «Et comme si ce n’était pas tout, je me trimballe une culpabilité infernale car je suis bien consciente que beaucoup de gens aimeraient être à ma place. New York est une ville qui offre tant de possibilités et nous avons les moyens de tout nous offrir ou presque».
«Lorsque nous avons été invités à regarder un match de football américain chez l’un des collègues de mon mari, j’ai senti que cela pouvait être la goutte d’eau qui ferait déborder le vase. Cette soirée est le symbole de mon malaise depuis que je vis ici. Avoir ce terrible sentiment de ne pas appartenir et de ne pas faire partie du groupe, sans être vraiment sur d’en avoir envie. Tout le monde se connaît, tout le monde rigole, Paul le premier, et moi, je reste seule dans mon coin. Les femmes viennent me voir et essayent d’être sympa en me posant des tas de questions que je trouve stupides même si je n’en comprends que la moitié. De toute façon, ce n’est pas important, ma tentative de réponse se noie dans la question suivante. Regarder le match est une punition, et lorsque les pubs apparaissent à l’écran, tous les invités disparaissent à la cuisine, sauf moi qui les trouve plutôt amusantes. Cet étalage de nourriture est obscène, le gâteau en forme de terrain de football est ridicule, et pourtant ils trouvent tous ça «fabulous». On touche le fond lorsque tout le monde se lève, debout devant la télé et la main sur le coeur, lorsque l’hymne Américain se retrouve beuglé par une chanteuse pop de pacotille. Mais qu’est ce qui m’arrive, je n’ai jamais été si négative de toute ma vie ! Ou suis-je et que suis-je devenue ? »
Paul est abattu. «On ne sait plus quoi faire pour s’en sortir et un ami nous a suggéré d’essayer le life coaching avant d’aller voir un psy».
Frédérique a un gros manque de confiance en elle qui a dû sûrement s’exprimer aussi en France. Cela lui donne une image déformée de la réalité. Au lieu de savoir d’où cela vient et comment faire pour le corriger, j’ai juste envie de lui apprendre à vivre avec. Et avec le support inconditionnel de son mari, je suis plutôt optimiste. Bien sûr, il a fallu casser quelques barrières psychologiques et cela ne s’est pas fait en un jour. C’est en insistant sur ce qui la faisait vibrer que le regard de Frédérique commença à changer.
«À Paris, j’avais mes cours de danse et mes cours de yoga où j’étais plutôt bonne. J’étais aussi inscrite dans un club de lecture où l’on échangeait nos avis sur les sorties des nouveaux livres, c’est d’ailleurs là où j’ai rencontré ma meilleure copine. J’aime avoir mes amis autour de moi et faire des dîners à la maison où l’on refait le monde jusqu’au bout de la nuit, ça c’est la Frédérique que je connais». Et alors ? «Oui je vois ou vous voulez m’emmener» dit t’elle amusée. «Pourquoi ne pas juste essayer de reproduire ma vie en France mais à la sauce américaine, et voir ce que ça donne. Je m’en sens très capable. J’ai toujours voulu apprendre la danse country et je vais m’y mettre. Il y a aussi des cours de yoga tout près de chez moi, un peu de relaxation et de méditation me ferait le plus grand bien». Quoi d’autre ? «Je dois m’améliorer en anglais et il y a un cours à l’alliance française où l’on n’utilise que des romans classiques américains, ça me correspond bien. Et au lieu de râler d’office sur les amis de Paul, je devrais faire un dîner comme à Paris avec eux, sans idée préconçue». Frédérique est enfin sur le chemin de sa nouvelle vie New Yorkaise.
Alors que le taxi est presque arrivé à destination, elle se blottit dans les bras de Paul, heureuse que les efforts consentis l’année dernière aient autant payés. Leur vie est maintenant en phase. Leur couple est solide comme avant, sinon plus. Ils ne se cachent plus rien, enfin presque. «Jeudi matin, je vais chez le docteur, mais je crois bien que je suis enceinte» ne peut s’empêcher de sourire Frédérique. La boucle est bouclée.
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Pourquoi n’arrive t’on pas a s’assimiler plus facilement?. Ma femme est venue a New York grace a un enorme job qu’on lui a offert. Je l’ai suivi, trop content de prendre un break apres des annees de travail intensif, et pret a devenir papa au foyer. Meme si j’aime ma famille, je me traine la journée, je n’arrive pas a avoir d’amis…bref a vous lire, faut que je me bouge mais c’est pas toujours facile. Et puis je ne veux pas trop m’entourer que de francais, j’ai envie de rencontrer une nouvelle culture et ces americains sont pire que des anguilles, ils vous glissent entre les mains!
Mais bon, ca m’a fait un bien fou de lire que je ne suis pas tout seul. Et qu’il y a de la lumiere au bout du tunnel.
Merci Nicolas
Eric