Dans l’ombre de San Francisco, Oakland a grandi. Terre des Afro-américains, centre du mouvement Black Panther au milieu des années 1960, largement adoptée par la communauté hispanique, Oakland représente aujourd’hui le symbole de la diversité aux États-Unis. Véritable vivier de talents – la candidate Kamala Harris y est née -, de créativité – le blues, le jazz, le hip-hop, le rap y ont prospéré -, Oakland réunit autour de ses lieux d’art, de culture et de vie mille raisons de s’y intéresser.
Pièce centrale du développement d’Oakland, le Lake Merritt et ses 5,5 kilomètres de circonférence, offre une carte postale charmante de la ville, contrastant avec l’image « dangereuse » toujours véhiculée. Montrée du doigt, surtout après la période de la pandémie, la ville a longtemps décroché les taux de criminalité parmi les plus hauts de Californie. Une tendance qui s’inverse aujourd’hui. Aux beaux jours, on file donc autour du lac, meilleur point de départ pour flirter avec la ville. S’y croisent joggeurs et cyclistes par dizaines et touristes et familles viennent batifoler sur l’eau, en pédalo, canoë ou kayak (location à partir de 15$ l’heure).
Autour du lac Merritt, l’Oakland Museum of California (OCMA) vaut toutes les visites. Ouvert en 1969, puis rénové en 2021, le musée à l’architecture purement brutaliste, entouré d’un large jardin et comptant un théâtre en intérieur, dédie ses expositions à l’histoire, l’art et aux sciences naturelles. Passage imparable par la Gallery of California Art, compilant les œuvres, souvent décalées, d’artistes originaires de Californie, et expositions temporaires toujours dignes d’intérêt. La dernière « Calli : The art of Xicanx Peoples » explore le travail des artistes d’origine mexicaine vivant aux Etats-Unis.
Particulièrement riche de ses collections, l’African American Museum and Library compte dans son bâtiment de la fin XIXe, des archives historiques sur Malcom X, Martin Luther King et sur toute la culture afro-américaine de Californie. Des visites simples et groupées s’organisent via le site de l’AAMLO. Atypique enfin, The Made raconte toute l’histoire des jeux vidéo de leur origine à aujourd’hui. Un sujet de conversation parfait à San Francisco.
Terre des artistes trouvant ici lofts et ateliers à loyers plus modérés, Oakland mérite aussi un passage dans ses galeries d’art, à l’instar de Johansson Projects, la galerie d’art contemporain ouverte en 2006 par Kimberly Johansson. Pionnière, la jeune femme réunit dans son espace les artistes de la baie de San Francisco, minorités et femmes en particulier, qui tous, investissent l’espace d’installations vidéo, d’art cinétique, de sculptures ou peintures. Immanquable aussi, le centre d’art Creative Growth, qui fête ses cinquante ans cette année et dont les expositions consacrent les œuvres d’artistes handicapés physiques et mentaux.
Particulièrement dynamique, la scène street art vaut aussi le coup d’œil. Plus de 1000 fresques couvrent aujourd’hui murs et façades de la ville, la plupart distillant messages politiques et sociaux. San Pablo Avenue, Temescal Street, Telegraph Avenue, Franklin Street et Broadway regorgent d’œuvres à regarder et photographier. Immanquable, celle dédiée aux femmes du Black Panther Party couvre le bâtiment de l’association et du musée à l’angle de Center Street et Dr Huey P. Newton Way. Des visites guidées y sont organisées.
Si les grandes marques du luxe manquent à l’appel, Oakland figure aujourd’hui parmi les villes les plus pointues en matière de vintage. Un tour au magasin Relove, deuxième du genre (après celui de Russian Hill à San Francisco) dévoile le large vestiaire composé par la charmante Delila Hailechristos, un mix de griffes de luxe et marques contemporaines de seconde main classées par genre et par couleur.
À deux pas, la boutique 3319 Marché installée dans un ancien salon de coiffure, associe à sa sélection vintage des services de stylisme, un espace librairie et déco. Sur le podium, Cord & Company est la boutique de la chineuse Nan Marvin. Un bric-à-brac sur deux niveaux où repartir avec vases, tableau brodé, sculpture, malle ou vaisselle ancienne. Enfin, le rendez-vous du vintage se trouve au Oakland Vintage Market, tous les premiers samedis de chaque mois, un événement qui réunit une belle sélection de vendeurs en vêtements et objets de décoration.
Connue dès les années 40 pour la qualité de sa scène blues et jazz, foyer des sons funk dans les années 60, terre du hip-hop et du rap où excellèrent MC Hammer, Tupac, En Vogue, Hyeroglyphics ou Keshia Cole, Oakland est une ville de musique.
Outre l’immense Oakland Arena & Coliseum Complex qui accueille les artistes toute l’année, un tour au Paramount Theatre, chef d’œuvre d’Art déco de 1931, et résidence de l’Oakland Symphony and Oakland Ballet Company, mérite le passage. Concerts, comédies et pièces de théâtre y ont lieu toute l’année. Autre emblème de la ville, le Fox Theater et son architecture orientale, a vu défiler B.B King, Kylie Minogue, Bob Dylan, et même Barak Obama lors de sa campagne de 2012. Enfin, un dîner chez Yoshi’s, restaurant japonais et club de jazz fameux fait l’étape parfaite des amoureux de musique.
Vive et en plein développement, la scène food d’Oakland joue l’esprit cosmopolite en cuisine. Bar à vin et bistrot réputé, Snail Bar sert une large sélection de vins nature à faire accompagner d’un steak tartare, d’escargots et tostadas de crevettes. Populaire dans toute la communauté queer, Friends & Family excelle dans l’art du cocktail et des tapas, le tout à déguster dans un patio couvert des fresques enlacées de l’artiste Jeoffrey Cheung. Parche sublime la cuisine colombienne en petites assiettes à partager. Et Burdell revisite la cuisine « Soul Food » du Sud des États-Unis. Aux cuisines, le chef Geoff Davis s’inspire des recettes de sa grand-mère et aligne foie de poulet aux gaufres, canard rôti et autres crevettes au barbecue.