«Looking for Eric». Jamais le titre de ce film d’Eric Cantona n’a paru aussi approprié. Un an après son arrivée en fanfare au poste de directeur sportif des New York Cosmos 2.0, le «King» se fait discret. Il n’habite pas à New York à plein temps et ses venues en ville font peu parler. Sa dernière apparition publique dans les habits de «M. Soccer» du club remonte au mois d’août quand une formation all-stars aux couleurs des Cosmos a affronté les «Red Devils» de Manchester United à Old Trafford. Contacté par email – le téléphone général du club sonnait dans le vide à chacune de nos tentatives – une porte-parole a précisé qu’il n’était pas disponible pour un entretien pour cause de vacances en famille.
Si Eric Cantona ne dit rien, c’est aussi parce qu’il n’a rien à dire. Trois ans après la promesse de renaissance du club mythique des années 70, dont Pelé et Franz Beckenbauer ont porté les couleurs, les Cosmos ne sont toujours pas en Major League Soccer (MLS), le championnat de foot américain. Et ils n’ont pas encore de stade, point clef pour leur permettre de devenir la 20ème équipe de MLS.
C’est aussi que les Cosmos traversent des turbulences. Depuis octobre, plusieurs cadres ont quitté le club et celui-ci a été racheté début novembre par la compagnie saoudienne de marketing et de management sportif Sela Sport. Parmi les partants figurent le directeur exécutif du club Joe Fraga, l’homme chargé notamment de la recherche d’un site pour le futur stade, et surtout le flamboyant Paul Kemsley, l’homme d’affaires britannique qui, en 2009, a mis son réseau et son argent au service de la revitalisation du club. Son départ a été annoncé dans un communiqué laconique fin octobre. Aujourd’hui, sur la page « management » du site restent notamment les visages d’Eric Cantona, celui de son bras droit l’ex-joueur américain Cobi Jones, et de Shep Messing, l’ancien gardien de but du club reconverti en « ambassadeur international».
« La moitié des visages sur la page de management des Cosmos sont des personnes qui n’ont pas de responsabilités au jour le jour, estime Christopher Dobens, un journaliste qui suit l’actualité des Cosmos pour son blog Total Foot. Cantona et Jones devaient s’impliquer davantage une fois que les Cosmos alignaient une équipe de Major League Soccer, mais cela ne s’est jamais produit. »
Difficultés financières
Quand Eric Cantona a rejoint le club l’an dernier, tout paraissait aller pour le mieux. Les Cosmos étaient en pleine opération de rebranding, marquée par le recrutement de plusieurs stars et le lancement de projets sportifs. Le club disposait d’un centre de formation pour ses futurs joueurs, la Cosmos Academy. Outre Cantona, il avait recruté une belle floppée d’ambassadeurs de renom, dont le Dieu du foot Pelé, nommé président d’honneur du club. En ligne de mire : trouver les fonds nécessaires pour décrocher la coûteuse franchise MLS et financer la construction d’un stade.
Les choses se sont gâtées fin septembre quand les rumeurs d’un rachat ont commencé à enfler à la suite d’un tweet du journaliste foot du New York Times, Jack Bell, selon lequel les parts de Paul Kemsley dans le club avaient été vendues. Pourtant très encline à communiquer, l’équipe dirigeante s’est murée dans le silence jusqu’au 2 novembre, date à laquelle elle a publié un communiqué confirmant le rachat et une « restructuration complète » de l’équipe commerciale et administrative. Pour ne rien arranger, les fans ont appris que le club du Queens Blau-Weiss Gottschee (BWG), avec lequel les Cosmos avaient formé un partenariat en 2010 pour lancer leur centre de formation, attaquait le club devant la cour suprême de l’Etat de New York pour obtenir le remboursement de 210.000 dollars de paiement arriérés. La somme a été remboursée le mois dernier par les nouveaux propriétaires mais la réputation du club a été entamée. Même le conseil d’administration de BWG en est venu à afficher publiquement son “optimisme prudent” face à la capacité du club à honorer son prochain paiement semestriel de 250.000 dollars, prévu pour le 1er janvier.
Les raisons de ces difficultés ne sont pas claires. En juin 2011, le journal britannique The Guardian évoquait les pertes financières de Paul Kemsley après la chute de son empire immobilier Rock Property, achevé par la crise. Christopher Dobens, de Total Foot, parle lui de mauvaise gestion, évoquant une coûteuse tournée des dirigeants du club en Asie, l’achat de billboards sur Times Square et l’ouverture peu stratégique en 2010 d’un centre de formation… sur la côte ouest (centre qui a fermé en août dernier). « Clairement, ils signaient les chèques plus rapidement qu’ils ne le pensaient » dit-il.
Avenir incertain
Pour l’heure, les New York Cosmos tournent donc au ralenti. La nouvelle équipe de management doit être instituée fin décembre – début janvier, précise le club. Sur le terrain, les opérations sportives continuent. En décembre, les moins de 16 et les moins de 18 ans ont effectué un déplacement en Floride pour participer à un tournoi et le club organise en 2012 la Cosmos Copa NYC, une sorte de coupe du monde pour amateurs lancée en 2009.
Officiellement, les Cosmos et la MLS sont toujours décidés à trouver un site pour le futur stade du club. « Nous pensons que nous avons deux ou trois sites qui sont viables et nous allons continuer à travailler aussi dur que nous le pouvons pour avancer aussi vite que possible » a souligné le commissaire de la MLS Don Garber le 10 novembre dernier lors de sa dernière conférence sur l’état de la League.
Quant à Eric Cantona, difficile de dire quel sera son avenir avec le club. Interrogée sur le sujet, une porte-parole des Cosmos n’a pas donné de réponse précise, évoquant le flou créé par les changements de management actuels. Un an après son arrivée, le « King » pourrait-il abdiquer ?
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Avec des joueurs comme Pelé ou encore Beckenbaurer, New York Cosmos était une grande équipe de Soccer aux Etats-Unis et à travers le monde ! Ici, une interview de Giovanni Savarese, Directeur de New York Cosmos Académie > http://www.paris-newyork.tv/interview-new-york-cest-aussi-du-soccer/