Si vous cherchez à acheter un deux-pièces avant l’été, vous l’aurez peut-être remarqué : les bonnets des maillots de bain vendus aux Etats-Unis sont souvent rembourrés, re-rembourrés et même re-re-rembourrés. Mais pourquoi diable glisser une coque épaisse comme une tranche de paie de mie dans un tout petit bikini ? C’est la question bête de la semaine.
Ces bonnets très épais permettent d’abord de rajouter du « volume », précise pour commencer Louise Mariusse, une créatrice française d’une marque de maillot de bains, Mademoiselle Louise, basée à Miami. Et du maintien, ajoute Cyla Weiner, la créatrice de la boutique SyLene, une référence en matière de lingerie depuis plus de 40 ans près de Washington DC. « Certains de nos clientes pensent que ça donne à leur poitrine une meilleure forme quand le buste n’est plus aussi ferme qu’avant…», dit-elle en des termes choisis.
Mais au-delà de ces considérations esthétiques, il y a une zone particulièrement sensible : « c’est une des questions les plus courantes qu’on me pose : ‘comment être sûre qu’on ne verra pas mes tétons à travers le maillot de bain que j’ai envie d’acheter ?’ », raconte Courtney Killpack. Cette spécialiste de la lingerie a travaillé une dizaine d’années pour la grande distribution américaine avant de lancer son propre site de conseils Bra Fittings by Court.
Et pour elle, le rembourrage a une raison d’être principale : cacher toute apparition d’un renflement bien naturel quand on sort de la piscine et que l’air est un peu plus frais. «En Europe, on voit les tétons comme un moyen de nourrir les bébés et pas seulement comme quelque chose de sexué. Mais aux Etats-Unis, ils sont hautement sexualisés, c’est culturel. C’est pour cela que les femmes essaient de les cacher et sont gênées s’ils pointent », analyse-t-elle.
Le rembourrage, c’est donc d’abord une affaire de puritanisme. Pour les fabricants, il faut donc s’adapter. Les modèles créés par Louise Mariusse n’ont ni armatures, ni rembourrage mais elle donne la possibilité à ses clientes de choisir l’option au moment de la commande. « En France, la poitrine, on trouve ça très sexy, très naturel, bohème. Ici, c’est un peu plus compliqué… Je rajoute donc ce qu’on appelle des ‘cups’, ces petits coussinets qu’on trouve à l’intérieur des maillots de bain et qu’on peut mettre ou enlever selon le confort souhaité», détaille la créatrice.
Quand on vit aux Etats-Unis, faut-il se mettre à l’heure locale et acheter un maillot de bain rembourré ? « Personne ne viendra vous arrêter dans la rue, il ne faut pas exagérer ! », relativise Hélène Crié-Wiesner. Cette journaliste indépendante, installée depuis presque deux décennies aux Etats-Unis, a raconté sur internet ses mésaventures à la sortie de la piscine. Son post, amusé et agacé à la fois, est toujours commenté régulièrement quatre ans plus tard. Alors, elle donne quand même ce conseil, avec humour : « si une Française ne veut pas être remarquée, elle n’a qu’à faire comme tout le monde : mettre un maillot avec trois couches de tissus… et mourir de chaud ! »
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