Certains l’aiment sucrée, d’autres salée. D’autres l’aiment tout court. La crêpe bretonne traditionnelle arrive à Bed Stuy.
Chez Madame Poupon, les murs, dont les briques ont volontairement été laissées à l’état brut, délimitent un espace qui peut accueillir jusqu’à 20 personnes en salle. Sur l’un d’eux, une grande ardoise. On peut y lire quelques indications sur la Bretagne, les crêpes et les galettes. Dans un coin du restaurant, une grande cuisine ouverte. Son comptoir, habillé de bois et de chaises blanches, a lui aussi été aménagé pour accueillir quelques clients.
C’est derrière ce comptoir que Jean-Christophe Henry, le maître des lieux, passe désormais la majorité de son temps. Ce Français venu tout droit de Brest a consacré toute une partie de sa vie à la restauration. Celui qui s’est formé « sur le tas» commence par apprendre la cuisine en Bretagne, aux côtés de son cousin, puis dans d’autres restaurants en hiver.
Arrivé à New York il y a 20 ans, il s’y est tout de suite plu. « J’ai toujours aimé les grandes villes. Et ici, on peut facilement rencontrer des gens ou entamer la conversation avec des inconnus. C’est ce que j’aime à New York ».
Après avoir travaillé pendant plusieurs années dans la restauration aux États-Unis, il investit le vestiaire du théâtre 80 Saint Marks, situé sur Saint Marks Place. C’est alors un tout autre spectacle qui se joue : confiné dans ce petit espace Jean-Christophe Henry sert et prépare des crêpes six jours par semaine. Petit à petit, son établissement gagne en notoriété. Crêpe Canaveral devient alors un lieu de passage incontournable des fêtards de l’East Village. Il finit par fermer les portes de sa petite affaire fin 2015, mais le restaurateur garde un « excellent souvenir de cette époque ». Il se met à la recherche d’un autre lieu.
Il finit par s’installer dans une ancienne galerie d’art sur Nostrand Avenue à Bedford Stuyvesant. En juillet, Madame Poupon ouvre ses portes. « Madame Poupon est une amie de la famille. Elle m’a transmis sa recette et son savoir-faire, que j’applique à toutes les crêpes sur ma carte.»
Mais quelle est donc cette fameuse recette? Rien de mystérieux : la tradition du sud Finistère, mêlée à des ingrédients triés sur le volet. «La qualité des produits est vraiment primordiale. Tout est fait maison et je choisis vraiment mes produits méticuleusement ».
Entre crêperie et petit bistrot, la clientèle peut se laisser tenter par une crêpe sucrée ou salée, des planches de charcuterie à partager, une soupe, une tartine ou une salade. « La majorité de ma clientèle est française, alors je fais pas mal de dégustations gratuites pour tenter de séduire les Américains du quartier ».
Et si la carte du Brestois affiche aujourd’hui près de 20 crêpes différentes, Jean –Christophe Henry ne cesse d’innover. « C’est important, sinon on s’ennuie !» explique-t-il. La « Jambon Complete » est le best seller actuel chez Madame Poupon mais pour le chef aucune crêpe ne domine. « J’adore toutes les crêpes que je propose », confie-t-il avec un sourire. De la « Pastrami complète » à la « Marseillaise » en passant par la «Caramel beurre salé » ou la «You’re Nuts Ella », l’imagination du chef est sans limites. Dans le futur, il envisage de proposer des fruits de mer en complément : « nous sommes au bord de la mer, et je souhaiterais tirer profit de mon expérience en Bretagne pour proposer des produits de qualité. »