Son immense charpente (2,23 m) a eu du mal à passer sous la porte de la salle de presse improvisée à l’hôtel Westin à Times Square. Une habitude pour Victor Wembanyama, qui est apparu détendu et tout sourire en ce mercredi matin, au moment de répondre aux questions d’une centaine de journalistes venus découvrir la pépite française du basket. « La pression ? Non je ne la ressens pas. J’ai des attentes tellement élevées vis-à-vis de moi-même que je suis immunisé contre ce genre de choses », a-t-il expliqué dans un anglais excellent. Promis à la première place de la draft NBA qui aura lieu ce jeudi 22 juin au Barclays Center à Brooklyn, « Wemby » enchaîne les interviews et les événements publics depuis son arrivée dans la Big Apple deux jours plus tôt. « J’adorerais aller me balader dans la ville, mais c’est impossible. À moins peut-être de m’échapper cette nuit et d’aller incognito à Times Square ? », a-t-il ajouté hilare.
Après la demi-heure de questions-réponses avec la presse, l’intérieur français de 19 ans s’est enfoncé dans un van noir, direction la Mary McLeod Bethune School, une école publique d’Harlem financée en partie par la NBA et ses sponsors. Accompagné par Bilal Coulibaly, un autre Français annoncé dans les premières places de la draft, les deux amis ont répondu aux questions de jeunes élèves du CE2 au CM2 dans le gymnase de l’école. « Combien mesures-tu ? », a demandé l’une d’entre elles. « (Rires). Ah je sentais que ce type de question allait forcément arriver », a répondu Victor Wembanyama, avant d’inviter la jeune fille à se mesurer à lui (littéralement). « Si j’avais un conseil ? Vous devez croire en vos rêves, toujours. Et peut-être que vous serez vous aussi en NBA un jour », a poursuivi le désormais ex-joueur de Levallois-Perret, aussi à l’aise un micro à la main que sur les terrains.
Les deux talents français ont continué de jouer le jeu ensuite, en participant à des exercices un ballon en main avec les enfants. « Protège ton ballon avec ta main gauche. Essaie de dribbler plus bas », a notamment conseillé Victor Wembanyama à l’un d’entre eux. Les deux joueurs tricolores ont enchaîné par l’inauguration d’une nouvelle salle de classe dédiée aux sciences et aux mathématiques au premier étage. « Depuis que je suis tout petit, j’ai toujours eu cette ambition de jouer au basket et en NBA. Si je devais parler aujourd’hui au petit Victor que j’ai été, je crois que je ne lui dirais rien, ne lui donnerais aucun conseil. Car si c’était à refaire, je referais tout exactement pareil », a conclu « Wemby », avant de faire quelques photos avec les élèves.
La dernière activité du jour a eu lieu sur le terrain mythique de Rucker Park, situé à la frontière entre Harlem et Washington Heights. Les plus grands joueurs de la NBA comme Kobe Bryant et Kevin Durant sont venus jouer ici, et l’association des joueurs de la Ligue (NBPA) a récemment participé aux frais de rénovation du lieu. « Incroyable ! Il est immense ! Mais c’est qui à côté de lui ? », s’est demandé un groupe de jeunes présents sur place, alors que Victor Wembanyama et Bilal Coulibaly sortaient du véhicule. Les deux joueurs français ont enchaîné quelques shoots face aux caméras de la NBA et de la chaîne ESPN, avant que « Wemby » ne doive se prêter à une autre interview, assis au bord du terrain. « Ça ne me dérange pas d’être dans l’ombre, au contraire. Victor est mon ami depuis qu’on a 11 ans. Je suis heureux et fier de lui », a commenté Bilal Coulibaly, parti avec un ballon en main de l’autre côté du terrain.
Sur le chemin du retour à l’hôtel, un groupe de fans un peu trop insistant a dû être repoussé par la sécurité après avoir essayé d’accéder à Victor Wembanyama, lui arrachant au passage sa chaussure. « Allez-vous-en ! On ne veut plus vous voir ici ! », leur a lancé l’agent du joueur, Jérémy Medjana. La veille, l’immense basketteur avait déjà pris un bain de foule énorme dans le métro new-yorkais, en direction du match de baseball des Yankees. Pas de quoi le stresser outre mesure. « Tout est décuplé par rapport à la France. L’engouement est incroyable ici. Ça donne envie de faire de bonnes choses pour faire plaisir à tous ces gens qui croient en moi », a insisté Wemby, sûr de ses forces avant la draft, où il devrait rejoindre les San Antonio Spurs, ancienne équipe d’un autre Français, Tony Parker. De quoi écrire une nouvelle page de l’histoire de la NBA en bleu, blanc, rouge.