Moins d’argent pour les bourses, et moins de boursiers. La première commission nationale des bourses (CNB) pour l’année scolaire 2013-2014 a rendu son verdict.
Selon les données issues de la commission, qui s’est réunie en juillet, le nombre de boursiers a baissé de 242 par rapport à l’an dernier (de 1.376 à 1.134). Le budget alloué aux bourses scolaires aux Etats-Unis est également en recul: de -14,6%, soit 1,9 million d’euros. Il passe de 13,6 millions d’euros à 11,7 environ. “Malheureusement, ce n’est pas une surprise“, estime Franck Barrat, élu MoDem de San Francisco à l’AFE (Assemblée des Français de l’étranger), cosignataire en février d’un communiqué dénonçant la réforme de l’aide à la scolarité, qui doit entrer en vigueur à la rentrée. “Le plus inquiétant est qu’on perd 20% du nombre de boursiers. Certaines familles n’ont même pas essayé de présenter de dossier cette année“.
En cause, la révision du barème des bourses engagée l’an dernier par le gouvernement pour simplifier le système et le rendre plus démocratique. Les détracteurs de la réforme fustigent notamment l’introduction dans le nouveau dispositif de calcul d’un indice de coût de la vie appelé “Mercer”. Selon les critiques, à droite comme à gauche, l’indice ne reflète pas la réalité du coût de la vie aux Etats-Unis car il ne prend pas en compte les dépenses relatives à certains services (cotisations retraites, santé, frais écolages et garderie par exemple).
“On brade un joyau de la France”
Selon les chiffres de la CNB, la circonscription de San Francisco perd le plus grand nombre de boursiers: 88. Washington et Los Angeles, 36. New York, 32. Houston et Boston, 20. Seule la circonscription consulaire de Miami voit le nombre de boursiers augmenter légèrement, de deux. Dans leur partie “observations”, les documents laissent également entrevoir un scepticisme généralisé envers la réforme, au sein des commissions locales des bourses, composées de chefs d’établissements, et de représentants des Français de l’étranger et du consulat. Un chef d’établissement dans la circonscription de San Francisco estime par exemple qu’ “on brade un joyau de la France: son réseau français à l’étranger“.
“Face à la crise, à l’augmentation régulière du nombre de Français arrivant aux États-Unis, on devrait « mécaniquement » avoir davantage de familles boursières, en particulier si le noble objectif de justice et d’équité sociale du gouvernement actuel était sérieux, souligne Damien Regnard, élu AFE pour l’UMP à Houston et chargé de mission du parti pour les Etats-Unis. Au contraire, on a constaté cette année une baisse du nombre de familles bénéficiaires, parallèlement à une baisse du budget des bourses pour les États-Unis“.
L’AEFE (Agence pour l’enseignement du français à l’étranger), qui pilote la réforme, n’a pas souhaité s’exprimer sur ces chiffres, préférant attendre les résultats de la seconde campagne de bourses, actuellement en cours. “Les données récoltées sont tout à fait provisoires et doivent être consolidées lors des secondes Commissions locales des bourses (CLB2) qui se tiendront en septembre/octobre 2013“, précise un porte-parole. La seconde commission nationale se réunira elle en décembre.
Pour Claude Girault, élu Français du Monde-ADFE à l’AFE, “il faut être méfiant, on n’est qu’à mi-chemin. On peut espérer un rectificatif, mais je n’en sais rien“. C’est la “première fois” que ce spécialiste des questions d’éducation française à l’étranger assiste à un tel recul du nombre de boursiers. “C’est une question de choix, dit-il. L’AEFE essaye de faire le maximum dans un contexte financier contraint“.
Credit:Fred Scheiber/20 Minutes/SIPA/