Moët-Hennessy, la filiale vins et spiritueux de LVMH, a signé fin juin sa quatrième acquisition aux Etats-Unis et ajouté Joseph Phelps à sa collection de vignobles californiens. Le domaine familial, fondé en 1973, rejoint donc ceux de Chandon, Newton et Colgin Cellars sous la bannière du groupe de luxe français de Bernard Arnault. Le montant de la transaction n’a pas été divulgué.
Joseph Phelps est notamment réputé pour Insignia, un vin rouge de style bordelais généralement vieilli en fût de chêne français et « qui incarne le meilleur de ce que les vignobles Phelps peuvent produire », s’enthousiasme Philippe Schaus, PDG de Moët-Hennessy. Son assemblage « peut varier de millésime en millésime », poursuit-il, « avec une base principale de Cabernet Sauvignon assemblé, selon les années, avec du Petit Verdot, du Malbec, etc. ». Un résultat à la fois « complexe, équilibré, et [qui] exprime l’âme du vignoble », selon les viticulteurs de la maison. Les bouteilles, vendues à près de 300 dollars, entrent parfaitement dans la catégorie de produits haut de gamme sur laquelle se concentre Moët-Hennessy. Pinots noirs et chardonnays ont aussi leur place dans les caves du domaine.
Les descendants Phelps ont indiqué dans un communiqué de presse que leur aïeul Joseph Phelps, fondateur du vignoble éponyme et décédé en 2015, « serait incroyablement fier que LVMH rejoigne sa famille ». Sa passion avait d’ailleurs « d’abord commencé avec les vins français », et, après avoir démissionné de son poste de président de la société en 2005, l’homme avait partagé son temps entre la France et les Etats-Unis et appris la langue de Molière. Ils ont salué les efforts déployés par LVMH, qui s’assure que « la mission et les valeurs du fondateur restent au cœur de chacune de [ses] marques grâce à un engagement profond envers la culture, les personnes et la continuité des opérations ». Pour Philippe Schaus, « Joseph Phelps a été à la Napa Valley ce que Nicolas Ruinart, Madame Clicquot, Joseph Krug et Claude Moët furent à la région de Champagne ».
« Les Etats-Unis sont le premier marché mondial pour la consommation de vins super premium et celui qui croît le plus rapidement avec la Chine », indique Philippe Schaus. Moët-Hennessy souhaite donc y renforcer sa présence « afin de faire grandir son activité vins » – en Californie notamment, où sont produits 70% des vins américains ; et plus spécifiquement dans la vallée de Napa, qui constitue son appellation « la plus iconique ». Le domaine Phelps, autrefois un ranch de bétail, dispose de neuf vignobles à Napa et deux à Sonoma, « des zones où le risque incendie est très limité », précise le PDG, « ce qui permet de limiter les risques de perte » pour LVMH, dont certains terroirs ont été touchés en 2020 par le Glass Fire.
Les Etats-Unis représentent un marché clé pour Moët-Hennessy (qui « y dispose d’un puissant réseau de distribution » et possède, en plus de ses maisons de vins, la distillerie Wondinville), mais aussi pour les autres filiales du groupe. LVMH y est au total propriétaire d’une douzaine de marques, parmi lesquelles Marc Jacobs, Tiffany & Co., Fresh, Benefit, KVD Vegan Beauty, Fenty Beauty et Starboard Cruise Services. Au premier semestre de l’année 2022, les Etats-Unis ont généré près d’un quart des revenus du groupe. Philippe Schaus a déclaré que Moët-Hennessy continuerait de « regarder les différentes opportunités en ligne avec sa stratégie qui se présentent aux Etats-Unis comme dans les autres pays du monde ».