(Alerte spoilers!) À peine une semaine après la sortie de la saison 2 de “Lupin”, le 11 juin, sur Netflix, on imagine que vous avez déjà dévoré les cinq épisodes. Mais étaient-ils aussi bons que les cinq de la première saison ? On s’est penché sur cette épineuse question.
Pour rappel, la première saison de “Lupin” suivait le parcours d’Assane Diop (Omar Sy), alors qu’il tentait de venger la mort de son père, Babakar, aux mains d’Hubert Pellegrini, l’un des hommes les plus riches de France.
Alors que cette saison inaugurale – un vrai carton d’audience pour Netflix – a été saluée par la critique pour avoir planté son décor dans le «vrai» Paris (elle comprenait aussi des scènes dans des HLM de banlieue ou des prisons), la saison 2 donne dans les paillettes et le glamour: restaurants chics, maisons parisiennes de luxe et un dernier épisode se déroulant entièrement lors d’une soirée de levée de fonds avec orchestre symphonique. Une grande partie du show veut attirer l’attention sur les disparités de richesse dans la France d’aujourd’hui… et, par extension, dans le monde. Rappelons qu’Assane est le fils d’un immigré sénégalais pauvre, accusé du vol d’un célèbre collier afin que son richissime employeur, Pellegrini, puisse réclamer l’argent de l’assurance.
Pellegrini est le méchant par excellence, une caricature du privilège masculin blanc riche, le genre d’homme qui détourne les dons de sa propre fondation caritative et utilise un tueur à gages. Certes, son image sert à renforcer l’héroïsme d’Assane, qui est voleur, trompeur et manipulateur. Mais la méchanceté de Pellegrini est parfois tellement exagérée qu’elle en devient contre-productive.
La fille de Pellegrini, Juliette, est une incarnation plus efficace de l’arrogance et du sentiment du “tout m’est dû”. Dans un épisode, elle se plaint à Assane, son ancien amour, qu’elle a « trop d’argent », que sa vie est devenue ennuyeuse et manque « d’adrénaline ». Elle le pousse à jouer le mauvais garçon de sa jeunesse, à dîner sans payer, puis à s’enfuir sur une vespa volée. Juliette montre ses vraies couleurs: elle qui vit dans un monde sûr et privilégié ne remet jamais en cause son comportement envers Assane.
Cette deuxième saison se plonge dans l’histoire de ce dernier, en mettant notamment en lumière un incident dans lequel un commerçant refuse de louer un violon à sa future épouse, Claire, parce qu’il ne fait pas confiance au jeune garçon noir qui l’accompagne. C’est la première fois qu’il se demande : Que ferait Arsène Lupin ? Voler le violon, bien sûr, dans un acte de vengeance contre le propriétaire raciste du magasin. Bien qu’il se fasse prendre, l’adrénaline de son geste reste en lui et le met sur la voie de braquages toujours plus importants.
Omar Sy est toujours aussi bon dans sa grande offensive de charme, mais on a l’impression qu’un immense effort est fait pour rendre la série plus sérieuse qu’elle ne devrait l’être. Complots à n’en pas finir, méchants exagérés, menaces de meurtres d’enfants: tout cela nuit quelque peu au fond espiègle et léger de la série.
De nombreux personnages manquent de relief: Pellegrini, comme mentionné précédemment ; l’ex-femme d’Assane, Claire, qui porte trop souvent le chapeau de la « divorcée en colère » ; Belkacem, qui est elle la « flic en colère » ; Raoul, dont le seul trait de personnalité est d’être obsédé par Lupin et son père ; ou encore Léonard, l’assassin sociopathe.
Et pourtant… impossible de s’arrêter de regarder une fois qu’on a commencé. Le show est brillant et excitant, et offre parfois des moments de pure délice, comme la balade d’Assane sur la Seine dans un bateau volé tandis que “Gentleman Cambrioleur” de Jacques Dutronc joue en arrière-plan.
Une saison 3 a déjà été confirmée. Espérons que l’équipe de “Lupin” pourra corriger les quelques défauts mentionnés. Car le potentiel, comme Lupin lui-même, est sans limite.