Guy Wildenstein, le patron de l’UMP locale, ne soutiendra pas Frédéric Lefebvre lors de la législative de la circonscription Amérique du Nord, organisée après l’annulation de l’élection de juin dernier. Il l’a dit à Jean-François Copé. Et à l’intéressé.
Le marchand d’art, ami de Nicolas Sarkozy et patron depuis plusieurs années de la délégation “Etats-Unis Côte Est” de l’UMP, n’ira pas jusqu’à soutenir un autre candidat, a-t-il confié à French Morning. “Mais je ne le soutiendrai pas, confirme-t-il. J’avais prévenu Paris, dès l’annonce de l’annulation de l’élection, que ce serait une erreur de donner à nouveau l’investiture à Frédéric Lefebvre. On ne m’a pas écouté, tant pis”.
En juin dernier, malgré les divisions de la droite, Guy Wildenstein avait soutenu le candidat officiel, voulu par son ami Nicolas Sarkozy. Alors pourquoi pas cette fois? “On a bien vu que la mayonnaise n’a pas pris. Il est clair maintenant que Frédéric Lefebvre n’est pas en phase avec les Français d’Amérique. En juin dernier, je ne pouvais pas le savoir. En bon petit soldat de l’UMP j’avais accepté. Mais là, il est de mon devoir de dire à Paris ce qu’est la position des militants ici et qu’ils font une erreur en n’écoutant pas la base”.
Guy Wildenstein n’est pas le seul UMP local à s’indigner de la nouvelle investiture donnée par les instances parisiennes du parti à Frédéric Lefebvre. Beaucoup se disent choqués par la précipitation de la décision. “Les socialistes ont organisé une consultation de leurs membres, cela nous a été refusé”, dit un jeune militant new-yorkais. Alors que l’élection a également été annulée dans la 8ème circonscription des Français de l’étranger (Israël, Italie, Grèce et Turquie), l’UMP n’y a toujours pas investi de candidat. “Pourquoi est-ce qu’il était si urgent de se décider pour l’Amérique du Nord? s’interroge le même militant, avant de répondre: “Evidemment parce qu’ils savaient que les militants ne choisiraient jamais Frédéric Lefebvre, dont nous pensons tous qu’il a fait une très mauvaise campagne l’an dernier”. Frédéric Lefebvre a obtenu l’an dernier 46 % des voix contre la socialiste Corinne Narassiguin, dans une circonscription où, deux mois plus tôt, Nicolas Sarkozy l’avait emporté avec 54%.
Première “victime” de cette investiture expresse de l’ancien ministre, Anne Rivière (ci-contre). Cette jeune avocate de 26 ans a présenté sa candidature à l’investiture, avec le soutien de Guy Wildenstein mais aussi, dit-elle “de la majorité des militants de la Côte Est”. Avocate au barreau de New York, en voie d’installation à Washington, Anne Rivière revendique une implantation locale forte et le soutien des militants pour celle qui a coordonné l’an dernier la campagne de Nicolas Sarkozy auprès des Français de l’étranger.
A French Morning, elle confie qu’elle n’a pas encore pris de décision quant à une candidature indépendante contre le candidat officiel de l’UMP. “Je sais que le faire signifierait l’exclusion de l’UMP, le parti de Nicolas Sarkozy auquel je reste très attaché. Mais en même temps il faut que Paris comprenne qu’on ne peut pas mépriser les militants comme ça, en leur imposant quelqu’un qui a échoué à ce point dans sa tentative d’implantation”.
Si elle ne se présente pas, Anne Rivière assure qu’elle non plus ne fera pas campagne pour Frédéric Lefebvre. “Il risque d’avoir du mal à trouver des gens pour faire sa campagne cette fois, confie, sous couvert d’anonymat, un membre de l’UMP. Le moins qu’on puisse dire est que sa prestation l’an dernier n’a impressionné aucun d’entre nous…”
Autre candidat à l’investiture UMP, Julien Balkany n’a pas non plus exclu de se lancer. Dans un communiqué publié lundi, il regrette une “investiture donnée en catimini“. “Pour ma part, je ne ferme aucune porte pour le moment et je vais prendre le temps de mûrir ma réflexion. Les nombreux messages de soutien que je reçois quotidiennement des Français résidant comme moi en Amérique du Nord me touchent énormément. Je ferai connaître ma position définitive dans les jours qui viennent“.