Constamment décrit comme le grand-père de Siri, Luc Julia fait partie de ces Français de la Baie de San Francisco qu’on ne présente plus. Spécialiste des interfaces homme-machine, conférencier, CTO et vice président de l’innovation chez Samsung Electronics: il touche à tout mais surtout à la technologie.
Le mardi 3 septembre, il participera à l’inauguration du groupe Sorbonne Alumni où il présentera son premier livre, “L’intelligence artificielle n’existe pas”, aux côtés d’Arnaud Auger Sengupta, responsable du club à San Francisco. Et le 24 septembre, il sera à New York où il s’exprimera lors de la finale du concours de startups, le Startup Tour.
Celui qui est devenu l’avocat de l’IA (intelligence artificielle) s’intéresse depuis longtemps au monde de la tech. À l’âge de 9 ans, cet inventeur en herbe a construit son propre robot pour faire son lit. Cette soif de créer et de simplifier le quotidien humain ne l’a jamais quitté. “Je suis arrivé dans la tech au moment même où l’informatique personnelle commençait à se développer, tout comme l’internet. J’ai pu vivre ces grands moments depuis la Silicon Valley et ce, dès mon arrivée en 1993.”
En l’espace d’une vingtaine d’années, il a eu l’occasion de travailler pour de nombreuses compagnies, dont Hewlett-Packard, Apple et Samsung. Il a passé un nombre incalculable d’heures dans les laboratoires de l’entreprise de recherche scientifique SRI International à penser les innovations de demain et a breveté plus d’une quarantaine d’inventions. La plus connue s’appelle Siri. A la fin des années 90, il créé aux côtés d’Adam Cheyer la fonctionnalité la plus loquace de l’iPhone. Aujourd’hui encore, la voix d’Apple revendique plus de 500 millions d’utilisateurs par mois. Un succès satisfaisant pour Luc Julia, qui a malgré tout fini par s’en lasser.
“On résume souvent ma carrière à Siri, on me présente souvent comme son grand-père fondateur et pour être honnête, j’en ai un peu marre, avoue-t-il. Qu’on ne me méprenne pas, je suis très heureux du succès qu’on a eu et je ne ferai absolument pas les choses différemment. Seulement, Siri n’a rien d’extraordinaire. Au moment de sa sortie, ça semblait incroyable et révolutionnaire. Aujourd’hui, c’est une technologie qui a assez mal vieilli.”
Lancée en 2011 par Apple, Siri a été rapidement rendue obsolète par ses concurrents (Alexa et Google Home). Pour Luc Julia, cela n’a rien de surprenant. “On a fait croire que Siri était plus que ce que c’était alors qu’on a seulement scénarisé les interactions potentielles. On a rajouté ce que j’appelle de la stupidité artificielle pour alimenter des small talks.”
L’intelligence artificielle est actuellement en vogue, mais elle est souvent associée dans l’imaginaire collectif à l’apocalypse ou aux robots qui asservissent les humains. Fatigué de ces clichés, Luc Julia a souhaité partager son opinion dans “L’intelligence artificielle n’existe pas”. “Le but de mon livre était de rétablir la vérité et d’expliquer ce qu’est véritablement l’IA. La vraie intelligence artificielle, ce n’est pas celle que l’on voit au cinéma. Ce n’est pas celle qui, une fois robotisée, causera la fin du monde.”
En l’espace d’une centaine de pages, il revient sur l’histoire de ce concept technologique qui a changé nos vies depuis 1956. Il croise son parcours au sien, de sa ville natale à la Silicon Valley où le monde de demain s’invente. Son objectif: rassurer l’opinion publique. “Je reçois souvent des messages de collègues qui me remercient pour avoir remis les pendules à l’heure. Il y a aussi beaucoup de Monsieur-Madame tout le monde qui me contactent car ils se sentent rassurés.”