“Loupiotte” signifie en argot “petite lampe qui éclaire peu”. Mais c’est aussi le nom du nouveau restaurant de Sarah Bessade et Antoine Blandin, qui a ouvert le vendredi 29 mars dans le quartier de Los Feliz. “On voulait que Loupiotte amène un peu de lumière aux clients”, raconte la jeune femme.
Un retour aux sources pour celle qui a bifurqué de la restauration à la comédie. A 18 ans, alors qu’elle ne sait pas que faire de son avenir, son père la pousse à lister ses centres d’intérêt. Elle détermine que ses métiers rêvés seraient restauratrice ou comédienne. Après une expérience malheureuse en cuisine, elle décide de se lancer dans le théâtre et prend des cours aux Ateliers de l’ouest à Paris. Elle se focalise sur le métier de clown qu’elle adore, et va jusqu’à présenter un spectacle au festival d’Avignon en 2005. “Quand on porte un nez rouge, toutes les émotions sont multipliées par cent”, argue celle qui conserve depuis cet accessoire précieusement.
Un stage avec un coach de Los Angeles va la pousser à s’expatrier de 2007 à 2011 et prendre des cours de comédie aux Etats-Unis. “Mais je me suis rendue compte que je ne savais pas me vendre, que j’étais nulle en casting”, se souvient-elle. Elle a alors envie de s’adonner à son autre passion et d’ouvrir un restaurant à Paris. “Mon expérience en tant que comédienne m’a fait comprendre que si on donne tout, on y arrive. Il ne faut pas se trouver des excuses. C’est la même chose pour l’acting et pour la restauration.”
De retour à Paris, elle oeuvre à tous les postes : épluchage de légumes dans des restaurants gastronomiques, service dans des petites pizzerias… Si elle décide d’ouvrir avec ses fonds propres le restaurant Gabylou dans le XVIIème arrondissement de Paris, c’est bien la Cité des anges qui l’a inspirée. “Je m’y sentais seule, et j’allais souvent à l’Aroma Coffee (Studio City), un endroit magique. Je voulais aussi créer un lieu à cette image, où les gens puissent se ressourcer”, détaille la Parisienne.
Pour Loupiotte, qu’elle définit comme “un bistrot à ma façon, loin des stéréotypes français, où on se sent comme à la maison”, elle a décidé de s’associer à Antoine Blandin, un Français de 26 ans qui fut serveur quelques mois au Gabylou. “Le soir de l’ouverture à Paris, il m’a sauvé la vie en venant travailler avec nous alors qu’on était en sous-effectif”, se rappelle Sarah Bessade. “Avec elle, je me suis souvenu ce que j’aimais dans la restauration, que c’était aussi une ambiance”, raconte Antoine Blandin, qui est passé par les grandes maisons parisiennes, comme le George V.
Le choix de Los Angeles ne fut pas une évidence pour le binôme, qui a hésité entre les Etats-Unis, le Canada et le Portugal. Sarah Bessade a aussi envisagé Nashville (Tennessee) qu’elle adore, mais qui reste “trop républicain”. Sur les conseils du chef de Palikao, Lionel Pigeard, ils se décident à élire domicile dans la cité des anges. Quant au choix de Los Feliz, il relève du hasard. Hébergée par une amie dans ce quartier l’an dernier, Sarah Bessade cherchait davantage à Culver City et Santa Monica quand elle est tombée sur ce local. Le lieu a été complètement remodelé depuis le mois de novembre pour accueillir les 51 places assises -dont 12 en terrasse- de Loupiotte, ainsi qu’une “salle à manger” privée, dédiée aux groupes de travail et aux événements.
Au menu de ce restaurant franco-végétarien, on retrouve des petits-déjeuners français avec du pain perdu et des viennoiseries, mais aussi une quiche, une polenta aux champignons, un risotto, des sandwichs et d’autres plats maison à base de poisson et de produits frais et organiques. Le menu évoluera toutes les deux semaines. Le tout concocté par l’ancien chef du Gabylou, Romain Guenand, débauché de l’Artisan à Paris.
Outre le restaurant, ils ont également créé Loupiotte Community pour “aider ceux qui en ont besoin“. Ainsi, ils reversent un pourcentage des viennoiseries vendues à des associations caritatives. En avril, ils ont donné des fonds à The Right Way, qui s’occupe de la réinsertion professionnelle des individus placés en famille d’accueil.
Alors qu’elle a vendu Gabylou au bout d’un an et demi, Sarah Bessade veut aller plus loin avec ce deuxième établissement. “J’ai fait un beau bébé à Paris, mais je ne lui ai jamais appris à marcher. Là, je veux qu’on lui apprenne, avec Antoine, à faire ses premiers pas”.