Assis près de la cheminée avec ses deux chiens, Phasma et Hitch, Louis Sarkozy pointe du doigt la bibliothèque murale de son salon. « On n’a besoin de rien d’autre quand on a ça », lance-t-il. Sur l’une de ses étagères, une série de livres sur la correspondance de Napoléon est soigneusement rangée. Sur une autre, une photographie de lui et son père, Nicolas Sarkozy, qui a ses mains posées sur ses épaules.
À 26 ans, le fils unique de l’ancien président de la République et de Cécilia Attias va publier son deuxième livre, Napoleon’s Library, le 30 mai prochain, après des années de passion pour l’empereur dont « trois de recherche ».
Son attrait pour le monde militaire démarre très tôt, « dès mes 4 ans » souligne-t-il, jusqu’à son arrivée à l’Elysée en 2007 alors qu’il avait seulement 10 ans. « J’ai été élevé en partie par mes anciens officiers de sécurité », se souvient-il, qui lui « bourraient la tête avec des histoires de leur passé militaire ».
Assez logiquement, le Franco-Américain poursuit ses études à la Valley Forge Academy en 2011, un lycée militaire réputé de Pennsylvanie. Un an plus tard, à la fin du mandat présidentiel de son père, la présence de ses agents de sécurité n’est plus requise. « C’était un petit traumatisme, se rappelle-t-il. Pour moi, c’était ça la présidence, je n’avais aucune conception autre que ça, c’étaient ces hommes-là, les anges gardiens d’une bonté et d’une gentillesse inoubliables », confie le fils de l’ancien chef d’État.
Pendant ses années à la Valley Forge Academy, il développe une passion pour un homme militaire historique : Napoléon Bonaparte. « La biographie d’Andrew Roberts (Napoleon: A Life, sorti en 2015 ndlr) me donne une énorme claque », dit-il en s’emparant du livre aux pages défraîchies, lu et relu, posé dans sa bibliothèque. Les yeux du jeune homme s’illuminent et son ton s’accélère quand il commence à parler de son héros préféré de l’histoire de France. « C’est un alien, c’est quelqu’un qui pouvait être extrêmement désagréable et autocratique, mais qui avait une énergie folle ».
Louis Sarkozy a été très déçu de la version de Ridley Scott « Napoleon », qu’il a vu en avant-première à Paris à l’Arlequin avec d’autres passionnés des années napoléoniennes. Il ne mâche pas ses mots : « c’est un film de merde ». Il reprend les passages historiques bâclés et réexplique ce qu’il s’est vraiment passé, qualifiant les batailles « d’absurdes », ou encore les charges de cavalerie « dramatiques » et des scènes « inutiles ».
Dans son livre, Louis Sarkozy s’intéresse à la bibliothèque de l’autocrate, qui « lisait des livres pharaoniques », selon le jeune auteur. Il se dit fasciné par la variété et le nombre d’ouvrages que Napoléon dévorait. Même durant ses campagnes militaires, il « construisait des bibliothèques avec 3.000 volumes ».
À la sortie du lycée, avant l’écriture de son premier livre, Louis Sarkozy s’éloigne de sa carrière militaire. Il décide de ne pas aller à l’école navale d’Annapolis en se tournant vers New York University pour y suivre des cours de philosophie. Il effectue ensuite sa première expérience de travail à Bogota, au sein de l’Inter American Development Bank, où il ne reste qu’un an faute d’aimer vraiment ce qu’il y fait, avant d’atterrir à l’ambassade de France à Washington, en septembre 2020, en pleine crise du Covid.
« On a fait mars 2020 dans une boîte pendant six mois à New York », se rappelle-t-il, avant d’ajouter « Je me suis dit : ‘Il faut partir. Plus jamais je resterai dans cette ville’, c’était l’horreur » de vivre dans un espace aussi exigu. Il arrive donc dans la capitale américaine avec ses valises et sa compagne, Natali Husic, qui allait devenir son épouse deux années plus tard, pour travailler à l’ambassade pendant 8 mois. Il enchaîne ensuite sur un master à l’American University, dans le nord-ouest de Washington, et en parallèle, s’installe durablement dans la banlieue washingtonienne prisée des Français, Bethesda.
Sa sortie préférée pour découvrir la région rejoint sa passion pour le monde militaire. Il explique faire « des pèlerinages sur les champs de bataille » à Antietam ou encore à Manassas, en Virginie, glissant être « fasciné par la guerre de sécession ». Une autre adresse dans la capitale le captive, c’est celle de ce qu’il appelle « le temple », la bibliothèque du Congrès. Très discret à Washington, Louis Sarkozy passe son temps dans sa bibliothèque et son bureau rempli de pièces de collection, de l’époque napoléonienne ou de l’antiquité avec des pièces de monnaie qu’il expose fièrement. Féru « des vieilles pierres » comme il le dit, son rêve américain se passerait loin des grandes villes si ça ne tenait qu’à lui.
S’il pouvait choisir n’importe quel État – avec l’accord de son épouse Natali Husic Sarkozy « bien entendu » -, le fils de l’ancien président répond sans hésiter : « le Montana ! Je suis un grand fan du Tennessee aussi mais j’aime la neige, donc le Montana, ce serait le rêve ». Un ranch ? « Bien sûr, des chevaux, des flingues, des chiens ! ».