French Morning relance sa série « Porte-money », dans laquelle des expatriés français nous parlent de leur métier et décortiquent leur budget pour vivre aux États-Unis. Le témoignage de cette semaine est celui de Louis Perez, footballeur professionnel au FC Tucson dans l’Arizona (3ème division nationale). Le Parisien de 24 ans a accepté de parler de ses finances pour « montrer la réalité et l’envers du décor d’un métier fantasmé ».
Non conservé par le centre de formation du Paris Saint-Germain puis de Troyes (ESTAC), Louis Perez a rejoint les États-Unis et l’université de Central Florida en 2017 pour s’offrir un double cursus d’études et de football. Après l’obtention de son diplôme en communication interpersonnelle, le milieu de terrain a signé un premier contrat professionnel de footballeur avec les Riverhounds de Pittsburgh l’année dernière (2ème division nationale). Il a connu une saison faite de hauts et de bas où il n’a pas toujours été titulaire, et s’est engagé ensuite au FC Tucson en janvier, dans le sud de l’Arizona. « J’ai signé un contrat d’un an avec une année en option ensuite. C’est assez similaire à ce qui se fait ailleurs dans la ligue », explique le jeune homme. « Je touche 2250$ net par mois garantis pendant un an ».
À cela s’ajoute « le logement gratuit, fourni par le club ». La majorité de l’équipe vit dans une résidence à 15 minutes du centre d’entraînement, dans des colocations de deux ou quatre chambres. « Nous sommes quatre dans notre appartement, mais c’est très spacieux, chacun à son coin privé. La résidence dispose également d’une piscine », détaille Louis Perez.
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Au salaire fixe s’ajoute aussi des primes de match selon la régularité, les performances individuelles et collectives. « Je touche 25$ à chaque fois que je fais partie du groupe pour un match, 50$ pour chaque victoire et 25$ si je suis titulaire. Il y a aussi des primes de but, je crois, raconte le Parisien. À raison de trois à quatre matches par mois, ça peut faire un complément de salaire intéressant ». Les repas du matin et du midi sont également fournis par le club, reste donc seulement les dîners à payer de sa poche. Pour son assurance santé, notre sportif de haut niveau avoue « ne pas savoir précisément comment elle fonctionne. Tout ce que je sais, c’est que je suis couvert à 100% quand je suis sur le terrain ».
Avec tous les avantages dont il bénéficie, Louis Perez explique que son salaire fait surtout figure d’argent de poche dans une région où la vie est peu chère. « Je ne suis pas dépensier, je ne sors pas la semaine, mon quotidien c’est entraînement, repas, sieste, puis jeux vidéo et coup de téléphone à mes parents ». Le sportif de haut niveau ne dispose en revanche pas de voiture, mais il est conduit par ses coéquipiers tous les jours à l’entraînement. « J’arrive à mettre 1500$ par mois de côté dans le but de m’acheter une Volkswagen Jetta d’occasion. Je m’achète un ou deux vêtements avec le reste ».
S’il souhaite absolument s’acheter un véhicule, c’est parce que Louis Perez pourrait s’en servir pour compléter ses revenus. « Il y a énormément d’opportunités de coaching pour les enfants aux US. Il y a un mec de mon équipe qui a gagné 500$ le mois dernier pour dix séances avec un jeune. Notre statut de joueur professionnel nous amène une crédibilité, et la pratique sportive ici est entièrement aux frais des parents. »
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À 24 ans, Louis Perez est encore jeune dans le milieu du football. Il s’accommode pour l’instant parfaitement de ses conditions de travail même s’il espère grimper les échelons à l’avenir. « Je suis passé très près de jouer en MLS (première division) après l’université. Beaucoup d’équipes s’intéressaient à moi, mais je ne dispose pas d’un statut de joueur local (les ligues professionnelles limitent le nombre de joueurs internationaux par équipe). J’y crois encore, et pourquoi pas jouer en Europe également un jour. C’est mon objectif. »
À la différence de nombreux joueurs en France, Louis Perez a pu décrocher un master en communication tout en continuant à jouer au foot aux États-Unis. Une garantie de ne pas se retrouver sans rien à la fin de sa carrière. « Je pense de plus en plus au métier d’entraîneur pour la suite. Le football est en plein développement aux US, et les opportunités sont partout. Globalement, j’ai vraiment pris du plomb dans la cervelle depuis mon arrivée. J’étais encore un enfant en France, et je suis devenu un homme ici ».