(Revue de presse) Los Angeles est-elle en passe de devenir le nouvel eldorado des créateurs artistiques ? Le New York Times consacre cette semaine un article à la Cité des Anges, qui selon le journaliste Matthew Schneier, jouerait des coudes avec les grandes capitales artistiques que sont Paris et New York.
Paris, capitale exclusive de la mode ? Plus pour longtemps, à en croire le quotidien américain, pour qui « Los Angeles devient le Paris au coeur des palmiers ». Loin de la «tension » new-yorkaise et du « marasme parisien », la mégapole californienne attire de plus en plus de créateurs artistiques, venus y trouver la lumière, l’inspiration, et les «vibes californiennes».
La tendance est initiée dès 2007 lorsque le directeur artistique d’Yves Saint-Laurent, Hedi Slimane installe ses studios à Los Angeles. «Ca a clairement changé la perception des gens», précise le journaliste en citant le photographe de mode Glen Luchford, lui aussi installé à Los Angeles depuis quelques années.
Depuis, les créateurs de luxe sont de plus en plus nombreux à faire de Los Angeles leur nouvelle vitrine. Parmi eux, le directeur artistique de Louis Vuitton, Nicolas Ghesquière, a récemment présenté sa dernière collection dans une villa louée à Palm Springs, où il vient régulièrement depuis 20 ans. Ou encore le directeur artistique de Christian Dior Raf Simons, qui confie au quotidien américain aller à Los Angeles «trois ou quatre fois par an» et prévoit d’y présenter les dernières créations de la maison. De leur côté, Gucci et Bottega Veneta renouvellent chaque année leur partenariat avec les Los Angeles County Museum of Art et Hammer Museum.
Yves Saint-Laurent, Chanel, Céline, APC… «les ouvertures de boutiques vont bon train », poursuit le journaliste de mode, pour lequel, «à Los Angeles, les créateurs portent moins le fardeau de l’histoire que ceux basés à Paris ». Si le phénomène a tout l’air d’être d’ampleur internationale, «il semblerait qu’il y ait une affection française particulière pour la ville, et il est difficile de ne pas flairer dans l’air une envie de s’évader du marasme de Paris, pour une vie au bord de la piscine à Los Angeles », ajoute-il.
Une France “en train de mourir”
Pour le directeur artistique de la maison Burberry Christopher Bailey, interrogé par le New York Times, “Los Angeles est une ville incroyable qui se trouve au centre d’une explosion créative en ce moment”. Un phénomène qu’il explique par “un mélange fantastique et inspirant de gens du monde du film, de la technologie, de la musique, de l’architecture, de la nourriture, de la culture, et maintenant de la mode”.
La tendance est susceptible de faire de l’ombre aux deux hauts-lieux de l’industrie de la mode que sont Paris et New York. «Il y a seulement 10 ans, n’importe quel Parisien préférait New York à L.A» ajoute le quotidien en citant la fondatrice française de la boutique de design Just One Eye, Paola Russo. Une analyse que confirme le fondateur et directeur artistique de la marque française A.P.C, Jean Touiti, également cité par le New York Times : “La France est en train de mourir d’un point de vue économique, et les gens peuvent être basés à Paris, mais ils savent que les choses se passent ailleurs”. Quant à New York, “il y a trop de tension, et une anxiété que je ne trouve pas à Los Angeles” ajoute-t-il.
Les raisons d’un tel attrait ? “Les lumières et les couleurs” pour le directeur créatif d’A.P.C, “une certaine liberté” pour Nicolas Ghesquière de chez Louis Vuitton, ou encore l’impression de se sentir “comme dans ma ville natale”, pour Raf Simons, de chez Dior.