Tous les Français le constatent en arrivant aux États-Unis : les fruits et légumes n’ont pas le même goût qu’en France, c’est compliqué de trouver des yaourts natures et tout est trop sucré ou salé. Résultat : les kilos s’accumulent vite sur la balance et les maux de ventre peuvent devenir plus fréquents. Mal manger, c’est facile outre-Atlantique, mais bien s’alimenter, c’est aussi possible. Isabelle Guglielmi le soutient en tout cas, dans « Bien manger aux États-Unis, les bons réflexes pour une alimentation saine », un ouvrage à la fois informatif, pratique, et qui permet de faire le point sur « le pire comme le meilleur ».
Pharmacienne de formation et chroniqueuse régulière pour French Morning, Isabelle Guglielmi vit aux États-Unis avec sa famille depuis 16 ans – à San Francisco puis à Kansas City dans le Midwest. Mais c’est d’un choc vécu en 2015, le burn out de son époux qui s’est reporté sur ses intestins, qu’est né le livre. « Mon mari est devenu complètement intolérant au gluten. Or le gluten est partout, même là où on ne le pense pas : dans les saucisses par exemple, car il est utilisé comme liant ». Modifier son alimentation l’a sauvé, confesse-t-elle. « À partir de ce moment là, j’ai compris qu’il fallait faire vraiment attention et faire les bons choix en matière d’alimentation ».
Au fil des pages, Isabelle Guglielmi explique comment, dans les supermarchés qui « croulent de nourritures toutes aussi variées qu’inconnues », il faut apprendre à connaître les aliments et à lire la composition des produits – en sachant que les ingrédients entrant pour moins de 0,5% dans la fabrication d’un produit ne sont pas listés. « Il y a des choses autorisées aux États-Unis qui ne le sont pas en France, comme les OGM (Organismes génétiquement modifiés), certains pesticides ou encore des additifs qu’on retrouve dans des aliments courants ». Elle donne l’exemple du pain industriel de supermarché « qui peut ainsi contenir quatre ou cinq additifs que l’on ne retrouve pas en Europe ».
Isabelle Guglielmi s’est aussi attachée à l’explication des labels. « Certains sont trompeurs, d’autres non vérifiés par un organisme tiers, d’autres encore ne veulent rien dire et sont de simples arguments marketing. C’est parfois difficile de s’y retrouver ». Pour la viande par exemple, la simple mention Pasture-raised ou Grass-fed ne suffit pas, il faut qu’elle soit associée à une certification reconnue comme l’American Grassfed Association qui garantit une viande d’animaux nourris à l’herbe et au fourrage dans les pâturages, pas aux graines ou maïs transgéniques. Une viande labellisée American Humane Certified peut venir d’animaux en cage nourris aux OGM, alors autorisés.
Autre exemple du quotidien : les œufs. Le cage free peut cacher des poules élevées dans un hangar et nourries au maïs transgénique, alors que le label « pasteurized » garantit des poules élevées dans la nature et qui picorent ce qu’elles trouvent. C’est meilleur mais aussi… très cher, à une période de forte inflation – le prix des œufs ont flambé de 19% en un an, selon les statistiques du gouvernement américain.
Aux États-Unis, 9 personnes sur 10 ne sont pas métaboliquement saines, « c’est-à-dire qu’elles n’ont pas un taux de glycémie ou de cholestérol sain » souligne la pharmacienne. Selon le Centers for Disease Control and Prevention (CDC), près de 52% des adultes américains souffrent d’au moins une maladie chronique comme le diabète (27% de plusieurs maladies chroniques). Par comparaison, près de 18% « seulement » des adultes français souffrent d’une maladie chronique – reconnue dans le cadre du dispositif d’affection de longue durée (ALD) de la sécurité sociale -, « des maladies liées à l’alimentation » précise Isabelle Guglielmi.
La bête noire de l’alimentation : le corn syrup qui se retrouve partout aux États-Unis. « C’est un sucre pas cher, à base de fructose, qui vient du maïs et qui est mis dans plus de la moitié des produits transformés. Il vient dérégler le mécanisme de l’insuline », explique l’auteure, qui revient à plusieurs reprises dans son livre sur les effets toxiques du corn syrup. « Et c’est issu de monocultures qui sont souvent cultivées avec énormément de pesticides, dont le glyphosate. 90% du maïs aux États-Unis est OGM, créé pour être résistant au glyphosate. Donc ça commence par les cultures et ça se retrouve dans nos assiettes. »
Selon les conseils d’Isabelle Guglielmi, « si on élimine tous les aliments contenant du corn syrup, on élimine la plupart des aliments ultra-transformés, nocifs pour la santé. Et si on achète des produits organiques, on évite le corn syrup ». En France, on estime qu’entre 30 et 35% des calories ingérées par les adultes proviennent d’aliments ultra-transformés. Aux États-Unis, ce chiffre atteint les 57%…
Mais se nourrir sainement, ça a un coût. Pour s’en sortir financièrement, Isabelle Guglielmi suggère de hiérarchiser ses courses : éviter les plats préparés, tous les produits ultra-transformés, et se diriger vers « le plus simple » comme elle le décrit dans son livre. Acheter les fruits et légumes de saison, et prendre son temps dans les supermarchés et les commerces. « Chez Trader Joe’s par exemple, ils ont une liste restrictive d’ingrédients qui ne sont jamais dans leurs produits et ils pratiquent des prix plus bas. Whole Foods aussi mais les prix sont élevés. Chez Aldi, on trouve du steak haché “grassfed”, des vaches qui ont mangé de l’herbe et pas du maïs transgénique. Des études montrent que Safeway (dans l’Ouest principalement, en Californie) et Kroger sont beaucoup plus chers pour une qualité équivalente. »
« Bien manger aux États-Unis », c’est donc chronophage au début mais c’est du temps qu’il est nécessaire de consacrer, résume l’auteure. Cuisiner le plus possible afin de « maîtriser ce que l’on fait »; équilibrer son budget en fonction des priorités – « difficile d’acheter tout organique sans dépenser des fortunes donc j’achète les fraises organiques mais prends mes oignons non organiques car il n’y a pas trop de pesticides ». Et prendre le temps de choisir ses magasins car « réfléchir à ce que l’on fait tous les jours pour améliorer son alimentation aura des conséquences (positive) sur la facture médicale ! »
« Bien manger aux États-Unis » d’Isabelle Guglielmi. Disponible sur Amazon US ici, Commande sur Amazon France ici.
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