Le procès de Fabrice Tourre, l’ancien trader de Goldman Sachs, a commencé lundi à New York. “Bouc-émissaire” tranche William Cohan, spécialiste de la crise financière de 2007-2008 (et auteur de “House of Cards”). Dans une tribune publiée par Bloomberg, il prend la défense du Français.
“Plutôt que de s’en tenir à faire ce qui est évident et juste, en mettant un terme à la poursuite complétement gratuite de Fabrice Tourre, le « fabuleux Fab », qui a débuté ce matin dans une cour fédérale de Manhattan, Mary Joe White (la présidente de la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme de la Bourse aux Etats-Unis, ndlr) tente de le faire passer pour la figure de proue de la crise financière de 2008. Rien n’est plus éloigné de la vérité.
Quiconque a travaillé plus d’une journée dans une banque d’investissement de Wall Street – et j’ai passé dix-sept ans dans plusieurs de ces banques – a appris ce qui apparemment échappe à la SEC: un “vice-président” de bas niveau comme Tourre n’a qu’une responsabilité : faire ce qu’on lui dit – et vendre! Fabrice Tourre n’était pas plus responsable de la conception du dérivé de dette synthétique Abacus – au cœur du procès civil intenté par la SEC – que Trayvon Martin (un jeune noir tué en 2012 en Floride, ndlr) l’était de sa propre mort.
Qu’on l’aime ou pas, le produit Abacus n’était pas vraiment conçu différemment de n’importe quel autre produit CDO synthétique vendu ces dix dernières années. Il est juste de douter de la moralité et de l’efficacité de ces produits absurdes, mais ils n’avaient rien d’illégal.
En outre, les emails et documents que le Sénateur Carl Levins a rendus publics en 2010, prouvent que toutes les parties concernées dans le produit Abacus – John Paulson, le gérant de hedge-fund; ACA, la filiale de Bear-Stearns qui a concocté l’affaire; et les deux banques IKB Deutsche Industriebank et ABN-Amro – étaient très bien averties, connaissaient exactement les risques qu’elles prenaient et se sont volontairement mises d’accord pour les prendre. Il revenait à Tourre d’amener ces parties à collaborer pour que le contrat soit conclu, afin que Goldman soit payé 15 millions de dollars.
Fabrice Tourre a-t-il trop dit dans ses emails ? Absolument! Dans l’un, il qualifie ce qu’il vend de « produit de pure masturbation intellectuelle ». Mais si se plaindre de nos boulots était un crime, nous devrions tous faire face à la même poursuite judiciaire kafkaesque que celle que Mary Joe White a entrepris contre Fabrice Tourre.
La poursuite de Fabrice Tourre est une imposture et un énorme gaspillage de l’argent des contribuables. Poursuive un petit poisson comme Tourre alors que de gros poissons, comme Dick Fuld de Lehman Brothers, Jimmy Cayne de Bear Stearns, Stan O’Neal de Merrill Lynch, Joseph Cassano d’AIG et Anthony Mozilo de Countrywide Financial, s’en tirent sans ennui: là est le vrai scandale. Libérez Fab et libérez-le maintenant ».
L’original de l’article sur Bloomberg.
0 Responses
rien que pour sa tronche de cake, un peu de tole ne peut lui faire que du bien à cet idiot de “fabulous fab”…
Nan, mais oh, c’est un garçon fabuleusement intelligent. Il savait très bien ce qu’il faisait, il n’y a qu’a lire ses échanges d’emails de la grande époque. Par contre sa hiérarchie mérite le même sort.