Pour elle, le Cognac c’est d’abord une affaire de famille. Elevée au sein d’une des plus grandes maisons de production, Chantal Martell a aussi assisté à la fin d’une époque. Son père fut le dernier président de la maison Martell, avant qu’elle ne soit vendue à l’entreprise Seagram en 1987, puis au groupe Pernod-Ricard en 2001.
Chantal Martell a dès lors décidé de se consacrer à la promotion de cette liqueur qu’elle affectionne tant.
La découverte du potentiel d’Internet dans les années 90 lui donne l’idée de commercialiser le Cognac pour des petits producteurs : «Les petites maisons n’avaient pas encore d’outils de communication. Mon idée a été de fédérer les énergies autour du Cognac ».
Il s’agit bien de perpétuer une tradition familiale vieille de trois siècles en utilisant les moyens modernes. Son site internet lecognac.com devient ainsi l’un des premiers sites de vente en ligne : « moins contraignant pour l’exportation, extrêmement régulée dans un pays comme les Etats-Unis qui reste sous l’influence de la loi datant de la prohibition, mon site a rapidement fait office d’exportateur et de promoteur à travers le monde ».
Le choix de s’installer à Miami, il y a maintenant plus de dix ans, n’a pas été un hasard : « Les Etats-Unis restent le premier marché mondial. Miami, carrefour des Amériques, m’a semblé être un lieu stratégique ».
Travaillant avec une quinzaine de maisons de production, Chantal Martell s’efforce de montrer toutes les facettes du Cognac par la diversité des crus, les façons de distiller, de vendanger. Elle s’enthousiasme pour les petites maisons de production « qui ont un savoir faire bien particulier ».
Rien n’a réussi à altérer sa motivation, pas même la crise économique.« Dans un contexte de crise, le consommateur est prêt à changer ses habitudes. Les petites maisons offrent un bon rapport qualité/prix».
Mais au delà des considérations commerciales, la dimension émotionnelle est tout aussi présente. Chantal Martell voit dans les petites maisons de production l’avenir de cette fameuse liqueur des anges. « Pendant longtemps les grandes maisons de production ont aidé les petites. Depuis qu’elles ont été rachetées par de grands groupes, c’est maintenant aux petits producteurs d’assurer la continuité du Cognac avec la transmission d’un savoir faire traditionnel ».