L’attente aura été très longue mais ça y est, c’est officiel, les restrictions de voyages entre l’Europe et les États-Unis sont levées pour les vaccinés, en ce lundi 8 novembre. Un soulagement immense pour les milliers d’entrepreneurs français qui dépendaient du NIE, la fameuse exemption pour « intérêts nationaux » permettant de voyager mais difficile à obtenir.
Certains avaient quand même tenté leur chance, au risque de se voir débouter. C’est le cas d’Erwan Keraudy, patron de la plateforme de protection des risques digitaux CybelAngel. « J’ai continué à voyager en France presque tous les mois pendant cette période. Je demandais mon NIE en arrivant en France, ce qui prenait entre trois jours et trois semaines. J’allais dans un pays hors-UE pour faire ma quarantaine en attendant, au cas où cela prenne trop de temps ». Une période de « débrouille » qui s’achève enfin pour le patron de cette pépite de la cybersécurité, entrée dans le Next40 en début d’année. « La note de l’administration est très claire. Mes équipes vont se remettre à voyager, tout le monde est très heureux de cette situation ».
NIE et renouvellement de visa
De son côté Adrien Ménard, fondateur du service d’automatisation du référencement naturel Botify, a choisi de ne pas jouer à la roulette du NIE. « J’ai organisé ma vie en fonction de ces restrictions ». Il fait face à son propre casse-tête puisqu’en étant en renouvellement de visa E2, ses déplacements sont limités. Cela n’a pas empêché sa start-up, qui génère 60 % de son chiffre d’affaires aux États-Unis, de lever un tour de table de 55 millions de dollars en série C en septembre dernier, auprès d’Infravia et bpifrance notamment. Il faut dire que Botify a bénéficié à plein de la pandémie et de l’augmentation du temps passé en ligne qui obligent les marques à revoir leur stratégie de référencement. Le groupe compte déjà Macy’s, Walmart ou encore le New York Times parmi ses clients, et accueille avec enthousiasme la reprise des événements en personne, partout aux États-Unis, pour poursuivre sur sa lancée.
Tximista Lizarazu, fondateur de la marque de cafétérias connectées Fraiche, a lui aussi eu affaire aux affres du NIE. Il en a fait la demande à son arrivée en France fin juillet, en misant sur un statut d’« activité essentielle » dans l’agroalimentaire, mais il ne l’a jamais reçu et a dû faire une quarantaine de deux semaines avant de revenir à New York. Une vraie frustration pour ce patron qui était en plein lancement aux États-Unis, et qui devrait bientôt annoncer une deuxième levée de fonds. « On va enfin pouvoir voyager en France quand on le souhaite ou quand on en a besoin, c’est un sentiment très important en tant qu’expatrié ». Son cofondateur et son CTO vont tous les deux faire le déplacement à New York d’ici la fin du mois.
Faire venir les équipes de France
Car une chose est sûre, il n’y aura pas que les touristes dans les avions à destination des Etats-Unis à partir de ce 8 novembre. Les entrepreneurs français s’organisent déjà pour faire venir leurs équipes et créer cet environnement d’échanges et d’émulation qui a tant manqué au cours de ces 19 derniers mois. « Nous organisons un comex off-site début décembre à New York. Tous les membres vont pouvoir venir, nous sommes ravis », explique Mathieu Chabran, patron du fonds d’investissement Tikehau Capital. Chez Botify, Adrien Ménard veut aussi profiter de l’ouverture des frontières pour faire voyager ses équipes depuis la France : « Nous allons inviter une vingtaine de senior leaders pour un événement d’équipe à New York. Les gens sont demandeurs et veulent se revoir après plus de 18 mois à distance ».
Un vent de renouveau qui devrait enfin réjouir les compagnies aériennes mais aussi bon nombre de grandes chaînes d’hôtels qui ont dû fermer les portes de certains de leurs établissements pendant la pandémie.