«Ah enfin une Française qui vient me voir ! Vous comprenez je suis quand même à 50% Français. J’ai eu les télés américaines, les Japonais, les Italiens… Ils sont tous venus me voir, comme si j’étais Britney Spears ». Billy Leroy aime les vieux films d’Alain Delon, parle de son «tonton» Alain Figaret (cf. les chemises) et est célèbre depuis qu’il a décidé d’accepter les euros dans son magasin du Lower East Side. Un panneau dans son magasin Billy’s Antiques&Props y a suffi: EURO’S ONLY. Cigarillo en bouche et lunettes fumées, Billy qui a désormais «l’habitude de la presse» va «tout nous raconter».
L’idée d’accepter les euros lui est venue en novembre dernier lorsqu’il était à Paris pour vendre quelques bricoles aux puces. «Avec ce dollar de merde, c’était impossible d’acheter», explique-t-il. «Quand c’était le franc, j’allais tous les deux mois aux puces». A son retour, Billy a donc tout simplement décidé d’accepter les euros dans son magasin-débarras new yorkais. Il est vrai qu’avec ses 30% de clients européens, «ça facilite le job». Et puis, il faut dire la vérité : «franchement je serais con de ne pas prendre les euros». En contre partie, il peut utiliser ces euros quand il va à Paris sans avoir à faire le change.
Une jeune femme interrompt Billy pour payer. «You don’t have euros?» lui demande-t-il. «I wish» répond-t-elle d’un air mi-dépité mi rêveur. Après tout, le panneau indique EURO’S ONLY… «C’était juste pour m’amuser, provoquer un peu. Je n’ai pas le droit de ne pas accepter le dollar. Mais, ça reste sérieux, je prends les euros». D’ailleurs Billy accepte aussi le dollar canadien, la livre sterling et l’or.
Et vis-à-vis de la loi ? «Ah j’adore ceux qui viennent me faire chier avec la loi. C’est pas au noir ce que je fais, sur mon carnet de compte j’écris la conversion et j’ajoute la TVA ».
Les nombreux reportages ont aussi apporté leur lot de déconvenues puisque Billy a reçu des emails accusant son business d’être «unamerican». «Mais ils n’ont rien compris ces gens-là, c’est justement ça être américain, ajuster, détendre, s’adapter quoi ».
Billy’s Antiques&Props n’est pas le seul magasin à prendre les euros. Imran Ahmed de l’East Village wines assure accepter les euros depuis 2001, à cause du «neighborhood». Il avait voulu rendre la vente plus «convenient» pour ses nombreux clients européens. Derrière cette initiative: «no political reasons, just fun, peace and love». «Dans deux ans, assure Imran, un grand nombre de commerces se diront « euro welcome » et accepteront les monnaies étrangères».
Billy’s Antique&Props, 76 E. Houston Street.
East Village wines, 138 1st Avenue.