Le lobbying a payé. Trois semaines après l’entrée en vigueur de la suspension de la délivrance de visas de travail, l’administration américaine fait une concession en annonçant que certains visas J-1 seraient de nouveau accordés. La nouvelle est venue de Louisiane, le Bureau des Affaires consulaires américain ayant signalé aux autorités de l’Etat son intention de reprendre la délivrance des visas J-1 nécessaires pour permettre aux enseignants étrangers de venir travailler dans les programmes et écoles bilingues de l’Etat. Le bureau du lieutenant-gouverneur Billy Nungesser et le CODOFIL, l’agence chargée de promouvoir la francophonie en Louisiane, en ont fait l’annonce mercredi 15 juillet.
D’après Peggy Feehan, directrice du CODOFIL (Conseil pour le développement du français en Louisiane), cette décision s’appliquerait aussi aux enseignants en dehors de l’Etat, tant que leur venue s’inscrit dans le cadre d’un accord de coopération existant au 22 juin. “Le CODOFIL est infiniment reconnaissant à toute l’équipe qui a travaillé sans relâche depuis le 11 juin pour avoir cette exception pour les enseignants. Nous avons fait ce travail pour nous-mêmes mais aussi pour les autres États qui jouissent également d’enseignants J-1 qui seront exemptés de la proclamation. Nous voudrions remercier, particulièrement, l’Ambassadeur de France aux Etats-Unis Philippe Étienne pour ses efforts diplomatiques“, a-t-elle réagi dans un e-mail à French Morning.
Elle indique que la délivrance des visas pour les enseignants français reprendra le 27 juillet et qu’ils seront autorisés à rentrer aux Etats-Unis malgré le “travel ban”. Cette interdiction de voyage, distincte de la décision de suspendre la délivrance de visas, a été décrétée en mars par le président américain.
« Dans le cadre d’une exemption à la Proclamation Présidentielle du 22 juin au titre de “l’intérêt national des Etats-Unis”, la reprise de l’étude des visas J-1 par les autorités consulaires américaines en France concerne bien l’ensemble des J-1 enseignants intervenant dans le cadre de partenariats académiques franco-américains ou dans le cadre de l’enseignement français homologué aux Etats-Unis. Chaque dossier fera l’objet d’un examen individuel », confirme de son côté l’Ambassade de France aux Etats-Unis.
Donald Trump avait annoncé la suspension de la délivrance des visas J-1 par proclamation présidentielle le 22 juin, de manière à protéger l’emploi des Américains dans un contexte de fort chômage. La décision avait plongé dans l’incertitude la rentrée des nombreux programmes et écoles d’immersion française en Louisiane et ailleurs dans le pays. Quelque 200 enseignants français, dont quarante pour ce seul Etat, se sont ainsi retrouvés bloqués en France.
L’Ambassade de France aux Etats-Unis, les autorités de Louisiane et d’autres acteurs de la francophonie s’étaient mobilisés depuis plusieurs semaines pour alerter Washington sur le danger que faisait planer cette situation sur l’avenir de l’enseignement bilingue en Louisiane et ailleurs.
Sans confirmer le contenu des échanges avec la Louisiane, le Bureau des Affaires consulaires a indiqué que “certains investisseurs, voyageurs pour motifs professionnels, individus issus du monde académique, élèves pouvaient être éligibles pour des Exceptions d’Intérêt National“. Ces exemptions ont pour objectif de “soutenir la reprise économique et renforcer les composantes clés de la relation transatlantique“. Il faut croire que les enseignants français participent de l’intérêt national américain.