Quand les Américains se motivent pour aller aux urnes, ce n’est pas pour voter pour un seul candidat. Mardi 8 novembre dernier, les électeurs de DC devaient élire le maire de la ville, plusieurs conseillers municipaux et décider si les employés qui touchent des pourboires (tipped employees) devraient recevoir le salaire minimum complet, comme les autres salariés de la capitale. Une proposition connue sous le nom de Initiative 82 (et anciennement Initiative 77).
Actuellement, les restaurateurs peuvent payer à leurs employés un salaire horaire de 5,35$, un plancher, et compter sur les pourboires (tips) pour atteindre le salaire minimum de 16,10$ de l’heure établi pour la majorité des salariés. Si les pourboires ne compensent pas assez, les employeurs doivent, selon la loi, combler la différence. Mais à partir de 2023, lorsque la proposition entrera en vigueur, le salaire minimum de 5,35$ augmentera d’un dollar ou deux chaque année jusqu’en 2027, pour qu’il soit égal au salaire minimum complet, c’est-à-dire 16,10$/heure.
Avec plus de 70% de « oui », l’Initiative 82 a été adoptée. Dans les urnes depuis 2018 (French Morning avait contacté les restaurateurs français), cette initiative divise les clients et les restaurateurs. Pour Cédric Maupillier, chef et propriétaire de Convivial, « tout le monde devra se mettre à la page au même moment, et chacun peut faire comme il veut ».
Pour les restaurateurs, c’est l’heure de revoir le prix de leur menu et de trouver une stratégie pour contrebalancer cette augmentation sur leur propre budget. « On va devoir charger les clients en plus car les salaires vont devoir monter énormément et on va redistribuer proportionnellement », explique-t-il. Le but de l’Initiative ? Assurer que les employés touchent un minimum, voire plus que leurs salaires minimum. Cédric Maupillier estime que les employés ne seront pas forcément gagnants. « Je ne pense pas que les salaires vont vraiment changer, c’est juste plus de calculs pour le restaurant et plus à payer pour le client », souligne-t-il.
Le chef français a déjà réfléchi à la nouvelle note qu’il va présenter à ses clients. « On n’enlèvera pas la ligne du pourboire, il sera marqué que le service est inclus et que, si les clients sont satisfaits, ils peuvent toujours laisser un peu plus aux serveurs, ce qui dans ce cas peut faire plus d’argent pour les personnes qui étaient payées aux pourboires », décrit-il. Mais tout comme en 2018, il est plutôt contre le résultat de ce référendum. « Personnellement, je ne suis pas pour car ça n’arrange rien et ça va dépendre de la manière de gestion de chaque entreprise », estime-t-il.
Pour Denis Chazelle, directeur de la chambre de commerce franco-américaine à Washington DC, « cette proposition ne va pas faire disparaître le pourboire, mais il y a un manque de clarté », souligne-t-il. Qu’en est-il dans les faits ? Depuis plusieurs semaines maintenant, les clients des restaurants à DC ont pu remarquer que certains établissements ont déjà ajouté la mention « 20% de frais de service » automatiquement sur les notes.