Retrouver par hasard les premières photographies professionnelles de monuments français prises au milieu du XIXe siècle, c’est l’histoire incroyable qui est arrivée à James Cavello, curateur d’art américain très réputé à New York. « Je suis arrivé à un dîner mondain chez une dame que je connaissais et en laissant mon manteau, j’ai découvert au fond du vestiaire ces albums contenant les photographies professionnelles de monuments français de 1860 à 1890, d’une qualité incroyable. Je lui ai immédiatement proposé de les lui acheter », raconte James Cavello. Des archives exceptionnelles, qui font aujourd’hui l’objet de l’exposition « Monument historique : 19th Century photographs bySéraphin-Médéric Mieusement and the French photographers » à la galerie Westwood, sur Bowery, jusqu’au samedi 22 mars.
L’époque est celle de la première moitié du XIXe siècle, lorsque la France, marquée par la Révolution de 1789, décide de commencer à documenter et archiver les monuments du patrimoine français. En 1837, la Commission des Monuments Historiques est créée pour classer, rénover et prémunir les monuments français de la détérioration. Elle mandate les premiers photographes comme Séraphin-Médéric Mieusement et les frères Neurdein pour immortaliser des icônes de l’Hexagone : la cathédrale Notre-Dame, l’Arc de Triomphe, la chambre de Louis XIV ou la fontaine Neptune du Palais de Versailles, la cage d’escalier du château de Chambord ou encore des vues d’extérieur sur le château de Pierrefonds ou d’Ussé.
La collection entière rassemble treize albums de photographies qui n’avaient pas été exposées depuis plus de 100 ans, et onze photographies originales en ont été tirées pour être exposées au public. « L’impression de photos était un process très complexe à l’époque. Le photographe portait 300 pounds (136kg) d’équipement, dont une chambre noire mobile car il n’avait que quelques minutes pour développer sa photographie », explique Margarite Almeida, co-curatrice de l’exposition. Le temps d’exposition était en moyenne de 2 minutes, si bien que certains personnages des photographies apparaissent flous – « on dirait des fantômes, cela ajoute à leur dimension mystérieuse », sourit-elle.
Pour James Cavallo et Margarite Almeida, co-propriétaires de la galerie Westwood qui fête cette année ses 30 ans, Séraphin-Médéric Mieusement est un personnage historique unique. « Il était un visionnaire, un génie qui a compris avant tout le monde l’importance du patrimoine français et a été le premier professionnel payé pour en immortaliser ses monuments, explique James Cavallo. Il était très engagé et a sillonné tout le pays. Il a pris plus de 4000 photographies et a même accepté de donner tous les originaux de ses clichés à son employeur », ajoute Margarite Almeida. L’homme est aussi devenu le premier photographe de monuments religieux, d’abord de cathédrales, en France, avant de voyager à l’étranger, jusqu’en Algérie, pour prendre des clichés de mosquées et de sculptures musulmanes.
« Monument historique : photographies du XIXe siècle by Séraphin-Médéric Mieusement et d’autres photographes » à la Westwood Gallery, 262 Bowery. Ouverte au public jusqu’au samedi 22 mars, du mardi au samedi, de 10am à 6pm.