« Elle est moderne, elle a compris, il faut l’encourager ». Quand Carlos Diaz parle de Fleur Pellerin, il ne cache pas son enthousiasme. Co-créateur de Kwarter, une start-up spécialisée dans la télévision interactive basée à San Francisco, il est aussi à l’origine du mouvement des « Pigeons ».
Des entrepreneurs qui chantent les louanges d’une socialiste, c’est assez rare pour être signalé. La ministre des PME, de l’innovation et de l’économie numérique a réussi son opération-séduction auprès des web-entrepreneurs français de la Baie. Alors que l’opposition au rachat de Dailymotion par Yahoo par son ministre de tutelle, Arnaud Montebourg, avait suscité l’ire des entrepreneurs du web, Fleur Pellerin a réussi à les rassurer et à les convaincre de son soutien. « Elle comprend parfaitement nos problématiques », souligne Bertrand Diard, PDG de Talend, pépite française émergente, leader dans l’open source et le « big data ». Il a eu le droit à un rendez-vous avec la ministre lors de son passage à San Francisco du 2 au 5 juin.
Lancé de façon spontanée en octobre 2012 par Carlos Diaz et Jean-David Chamboredon, dirigeant du fonds d’investissements ISAI en France, le mouvement des « Pigeons », avait réussi à faire plier le gouvernement sur le projet de taxation des plus-values de cessions d’entreprises. L’annonce de leur victoire a été faite par François Hollande lui-même, lors de la clôture des Assises de l’entreprenariat, fin avril. Un évènement pendant lequel le président a également annoncé une série de mesures pour promouvoir l’entreprise en France.
Ces propositions font l’unanimité des entrepreneurs de la Vallée, notamment celles visant à favoriser l’investissement par des grands groupes français. « Il n’existe pas de culture de ‘croissance externe’ en France et très peu d’entreprises sont capables d’investir ou de racheter des start-up », déplore Benjamin Mestrallet, créateur d’EXo Platform et Codenvy. De son côté, Bertrand Diard, pense que les sociétés françaises ont besoin des investisseurs américains. « J’ai discuté avec la ministre de la façon dont la France pouvait les attirer davantage», précise-t-il.
« J’aime particulièrement la mesure visant à expliquer aux élèves que l’entreprise ‘n’est pas sale’, souligne pour sa part Carlos Diaz, lui-même ancien professeur. Dans la Silicon Valley les héros sont des ingénieurs et des entrepreneurs. En France nous sommes encore souvent considérés comme des parias».
M. Diaz met toutefois en garde contre une « envolée de pigeons » à la rentrée si les promesses du gouvernement ne se concrétisent pas. Elles doivent être votées à l’Assemblée et au Sénat.
Photo: Les entrepreneurs français du web (Bertrand Diard, Benjamin Mestrallet, Miguel Valdès Faura et Carlos Diaz, co-fondateur des Pigeons) sourient après la visite de Fleur Pellerin.