Il est connu comme un producteur de télévision incontournable des années 1950 à 70, mais il bénéficie aujourd’hui d’une deuxième vie post-mortem grâce à sa démarche artistique prolifique, qui est exposée pour la première fois à New York. Robert Joseph Markell (1924-2020), lauréat de cinq Emmy Awards, est notamment l’auteur de la première production télévisée de « Casse-Noisette », « Douze Hommes en Colère » avec Henry Fonda, « Playhouse 90 », « The Defenders » et « N.Y.P.D. ».
Ce que l’on ne savait pas de cet homme, c’est qu’il avait peint abondamment avec différents mediums pendant les dernières décennies de sa vie. Et cette découverte s’est faite grâce à un improbable et heureux concours de circonstances. « Un samedi froid et pluvieux de janvier 2023, je suis allée à un vide-grenier à Shelter Island, raconte Olivia Bransbourg, co-commissaire de l’exposition et fondatrice d’ICONOfly. Je suis tombée par hasard sur des centaines de croquis non identifiés. J’ai été subjuguée par le trait, incisif, précis et empreint de poésie. J’ai fait des recherches via l’adresse, ai contacté les descendants de Robert Markell et entrepris un grand travail pour retrouver ces archives et les préserver ». Par le plus grand hasard, Olivia Bransbourg est revenue sur les lieux où l’artiste était décédé en 2020.
Elle contacte alors son amie Tatyana Franck qui, avant de diriger l’Alliance New York, avait déjà accompli un travail similaire de repérage et de sauvetage d’œuvres de la photographe Jan Groover, au musée de l’Elysée de Lausanne, et qui lui apporte aussitôt son soutien. Elle parvient à convaincre la famille de Robert Markell de conserver les œuvres et finit par retrouver près de 5 000 d’entre-elles – et en possède quelques centaines – aux formats variés dont des gravures, lithogravures, peintures et dessins. « L’artiste a été dans une vraie quête et une course frénétique de créativité pendant sa retraite. Dans son journal, il dit même avoir jeté ce qui n’était pas bon selon lui, près de la moitié de ses œuvres ! », raconte Olivia Bransbourg.
Des esquisses de femmes dénudées, des estampes au style asiatique où les modèles sont croquées d’un seul geste, et qui rappellent tour à tour Matisse, Rodin ou Schiele. Mais aussi Degas, dont les premiers nus donnent à voir le sujet comme un participant actif à l’œuvre. « Le geste semble toujours arrêté en vol, la couleur et le trait se chevauchent, se répondent, s’embrasent. Il n’y a aucune erreur », décrit la passionnée d’art.
Après avoir accompli ce tour de force de réunir les œuvres de Robert Markell, Olivia Bransbourg et Tatyana Franck ont nommé l’exposition « I am there », qui fait référence à « You are there », la série qui a valu un Academy Award de la direction artistique à Robert Markell. Mais fait aussi écho à son approche artistique de collaboration avec des modèles vivants, participants actifs au processus de création.
Le défi était ensuite de réussir à les présenter dans les meilleures conditions. Pour ce faire, un partenariat a été noué avec la galerie Gabriel, spécialisée dans le design de mobilier. Son showroom prestigieux se situe au 57e étage d’un immeuble iconique, le Steinway Building sur la 57e Rue. « Notre mission à l’Alliance New York est de montrer des artistes pluridisciplinaires, de révéler un talent inconnu dans un lieu avec une histoire importante et riche, comme c’est le cas avec le Steinway Building », explique Tatyana Franck, la présidente de l’institution new-yorkaise et co-commissaire de l’exposition.
C’est dans un appartement somptueusement aménagé que vous pourrez, sur rendez-vous, découvrir les œuvres de Robert Markell, tout en bénéficiant d’une vue imprenable sur Central Park, l’Empire State Building et une grande partie de Manhattan. Un plaisir visuel à tous les points de vue, à ne pas manquer.
« I Am There: Robert Markell », jusqu’au 31 octobre, Galerie Gabriel, Steinway Building, 111 West 57th St. Sur rendez-vous uniquement en contactant par mail: [email protected]