« Je veux me réveiller comme ça tous les matins ! C’est incroyable. C’est tellement innovant, tellement différent », hurle Craig. Il est sept heures ce jeudi 30 octobre, et la morning party de Daybreaker a déjà commencé depuis une demi-heure.
Ce matin-là, 800 New-Yorkais ont réglé leur réveil aux aurores pour aller enflammer la piste de danse d’un bateau de croisière transformé en night-club (ou morning-club), face à la skyline de Manhattan.
Mains en l’air, la foule bariolée bondit devant les DJ comme s’il était une heure du matin. Sauf que personne n’enchaine les vodkas, mais avale des barres de céréales, du café et des jus de fruits vitaminés, distribués à volonté.
En boite de six heures à huit heures du matin : le concept peut paraitre absurde, il est pourtant en plein essor. Depuis début 2014, le collectif DayBreaker organise entre une et deux morning parties par mois dans divers lieux à New York, et s’est développé à San Francisco, Los Angeles. Et bientôt à Boston et Atlanta.
A chaque fois, « entre 200 et 1.200 personnes » y participent, selon les organisateurs. Morning Gloryville propose le même type de concept à New York et Londres. Le 30 octobre, cet autre collectif organisait le même type de fête au Villain Warehouse, à Williamsburg.
Si ces soirées plaisent, c’est en grande partie pour leur aspect insolite, qui nourrit le bouche-à-oreille. Chacun devrait être en train de dormir, et se retrouve à danser, un gobelet de café à la main avant d’aller au travail. Laura, 23 ans, t-shirt blanc moulant et oreilles de lapin sur la tête, en est à sa quatrième fête Daybreaker. « Ce qui me plait, c’est que c’est qu’il y a beaucoup d’ironie dans ce concept, et cela créée chez les gens un état d’esprit positif ».
L’absence d’alcool (et d’autres substances) rend l’ambiance bon enfant. Ce qui n’empêche pas les participants de se donner à fond. D’ailleurs, DayBreaker, dans ses communiqués de presse, « vend » son concept comme une alternative à la salle de gym ou au jogging matinal. En plus fun.
Lorsque le jour se lève, un groupe de musiciens – trombone, trompette, percussions – se mêle à la foule en liesse. Dans un coin, des personnages tapent, sur une machine à écrire, des haikus à la demande. Un homme déguisé en sorcier joue de la cithare. Julie, sortie admirer la lumière du matin, n’en revient toujours pas. « J’ai l’impression d’avoir passé une nuit blanche, sans la gueule de bois, et sans la fatigue ».
A coté, Jess se fait prendre en photo avec deux copines déguisées comme elle en cheerleaders. Elle évite de penser que d’ici une heure elle va filer à la « grosse réunion marketing » qui l’attend à son bureau. « Mais non, je ne vais pas être fatiguée, assure la jeune Américaine. Au contraire, je vais me sentir heureuse, et pleine d’énergie. Peut-on imaginer une meilleur manière de commencer sa journée ? »