Comment attaquer une femme en politique sans passer pour un sexiste ? L’éditorialiste du Washington Post Jim Hoagland trouve astucieux que Sarkozy parle de son respect pour Royal tout en démolissant son programme. « Royal a gagné la nomination du parti socialiste en grande partie parce que ses rivaux masculins se moquaient d’elle et la sous-estimaient (…) Sarkozy ne répète pas ces erreurs. »
Selon lui, Royal va plus loin que Merkel, Pelosi et les autres femmes en politique, avec ses images et slogans de campagne qui soulignent qu’elle sera la première femme présidente. Avec des photos où l’on peut voir des références à Jeanne d’Arc, Mona Lisa, la vierge, Marianne… « Les messages subliminaux sur les posters et les tracts jouent un rôle bien plus important en France, où les candidats ont moins accès à la télévision. »
Ségolène, d’après lui, ne peut pas compter sur une grande solidarité internationale. « Quand le camp Royal a tâté le terrain auprès du staff de (Hillary Clinton) l’an dernier pour organiser une rencontre des deux à New York, un silence assourdissant a convaincu les aides de Royal d’annuler le voyage aux Etats-Unis».
Préparez-vous à un vide à l’Elysée Les deux candidates à la présidentielle française ne vivent pas dans des « couples conventionnels », explique un article du New York Times
à la une du quotidien. « Il n’y a pas d’avenir au rôle de partenaire dévoué rempli pendant les douze dernières années par Bernadette Chirac, qui en première Dame au dirigé des activités caritatives, tenu des dîners et a tenu des rôles de responsable locale en Corrèze ».
François Hollande n’ira pas s’installer à l’Elysée en cas de victoire de Ségolène Royal. « Ce n’est pas moi qu’on élit. Si Ségolène Royal gagne, ma situation ne change pas ».
« Ce n’est donc pas le Bill et Hillary de 1992 écrit Elaine Sciolino quand Bill Clinton disait aux américains qu’ils en auraient « deux pour le prix d’un » ». (Notons que l’Hillary de 2007 ne le dit plus).
« La relation Royal-Hollande est pour le moins compliquée. Ils sont ensemble depuis l’ENA, et leurs bureaux de députés ont une porte commune. » explique t-elle. Mais Royal a déjà dit « nous ne sommes pas un couple » et elle a aussi déjà affirmé l’inverse.
Ils sont aussi parfois rivaux en politique, et pas toujours sur la même longueur d’onde. « Lundi dernier, Hollande a exclu des négociations avec François Bayrou. Le même jour, Mme Royal laissait un message sur le répondeur de M. Bayrou pour lui proposer un dialogue. »
Quant à Cécilia, quand un hebdo télé français lui avait demandé « où elle se verrait dans dix ans, elle avait répondu « aux Etats-unis, à courir dans Central Park » » (la vie est mal faite, je me verrai bien à l’Elysée).
« Contrairement à M. Hollande, Mme Sarkozy est restée loin de la campagne, alors que quand M. Sarkozy était ministre, elle travaillait à ses côtés, gérant son emploi du temps, sa stratégie, et même son régime alimentaire ». Elle est réapparue au moment du premier tour, mais Sarkozy n’a pas voulu dire au Figaro Magazine si elle viendrait vivre à l’Elysée « vous élisez un candidat, pas une famille »
Et puisque Daniel Schneidermann a conseillé dans Libération aux journalistes français de faire ce que n’importe quel journaliste américain aurait déjà fait à leur place : interroger Sarkozy sur les rumeurs concernant son couple, le New York Times s’y est collé. Et a reçu un email de no-comment de la campagne de Sarkozy : « c’est une question privée ».
Autre lecture des couples des candidats dans le Christian Science Monitor . A Aix-en-provence, Jerry Lanson passe devant un panneau « Livraisons tolérées ». Tolérées, explique t-il, en France ça veut dire ni interdit, ni autorisé. Au moins en ce qui concerne la vie privée, «la tolérance reste éminemment française », observe ce prof de journalisme en congé sabbatique en France. «Ségolène Royal a eu quatre enfants hors mariage et n’a jamais épousé son partenaire. La femme de l’autre candidat en tête, Nicolas Sarkozy, l’a récemment quitté quelques temps, mais est revenue. De pareils faits pourraient faire des vagues dans une course politique américaine. En France c’est la vie » ajoute t-il avec la dernière phrase en français dans le texte.
Notons encore que les Français de New York « ont voté à 52 % pour Sarkozy selon le magazine online French Morning ». Un article des pages City du New York Times raconte le brunch électoral organisé par French Morning. La journaliste écoute une électrice qui a voté Sarkozy et s’en mange les doigts le lendemain (on vote le samedi à New York). « L’avantage des deux tours, explique l’article, c’est que les électeurs, comme des joueurs d’échecs peuvent changer de stratégie entre les deux tours. »
A la semaine prochaine, les joueurs d’échecs !