Lundi 30 septembre, 3pm tapantes, la dizaine de personnes présentes pour l’hommage à Jacques Chirac à la Maison française s’est vite mêlée à la vague d’employés de l’ambassade de France. Alors qu’il pleut sur la capitale -chose qui n’était pas arrivée depuis plusieurs semaines- l’ambassadeur Philippe Etienne invite tout le monde à observer une minute de silence. Devant eux, deux écrans allumés, sur lesquels se succèdent deux photos de Jacques Chirac.
Les voix de la chorale rompent cette minute de silence avec les notes de la Marseillaise. “Tout a été dit, commence par dire Philippe Etienne. Tout a été dit sur ce fils d’instituteurs”, poursuit-il, avant de rappeler que pour l’ancien président “toutes les cultures étaient égales“, faisant référence au musée du quai Branly-Jacques Chirac, ou encore à “ses valeurs portées comme la tolérance”. Il mentionne aussi son discours du Vel d’Hiv.
L’ambassadeur ne manque pas de rappeler l’année sabbatique de Jacques Chirac aux Etats-Unis, “de la Louisiane à Harvard“. Philippe Etienne rappelle aussi les relations de l’ancien président avec les Etats-Unis. “Lors du 11-Septembre, il a été le premier à se rendre à New York“, mais “c’est aussi celui qui a dit ‘non’ aux Etats-Unis” lors de la guerre en Irak.
L’ambassadeur invite Christine Lagarde à prendre la parole. “Il était un visionnaire lucide”, lance-t-elle à l’assemblée. L’ancienne ministre déléguée au Commerce extérieur sous Chirac, actuellement en transition entre le poste de directrice générale du Fonds monétaire international et celui de la Banque centrale européenne, a partagé quelques anecdotes à la fois drôles et touchantes. “Il n’entrait jamais dans la salle des ministres sans regarder qui était là, tout en jetant des regards approbateurs s’il voyait quelqu’un habillé élégamment”, se rappelle-t-elle, un sourire en coin.
“Il aimait le beau“, continue-t-elle, racontant comment Jacques Chirac avait apprécié un cadeau de la Première ministre néo-zélandaise Helen Clark, qui partageait son amour pour l’art. “Je lui avais ramené ce cadeau de mon voyage en Nouvelle-Zélande”, se souvient-elle, “il m’avait cherchée du regard dans la salle pour me remercier“, raconte-t-elle en mimant le président faire le signe du doigt et un clin d’oeil. “C’était un homme extrêmement attachant“, déclare-t-elle, sous les applaudissements de la foule.
“Il avait une chaleur humaine“, confie Brigitte Carton-Asfour, venue pour rendre hommage à l’ancien président. C’est son “non” à l’Irak qui l’a marquée le plus. Avec un ton grave et un sourire nostalgique, elle conclut: “c’était un homme qui aimait profondément son peuple“.