Que ce soient les carrières des Baux-de-Provence (Carrières des Lumières), la base sous-marine de Bordeaux avec ses quatre bassins miroirs (Bassins des Lumières) ou encore l’ancienne fonderie à Paris (Atelier des Lumières), les lieux d’expositions immersives de Culturespaces sont souvent insolites, toujours spectaculaires. À New York, le groupe français a une nouvelle fois déniché un espace inattendu : une ancienne banque pour immigrés catholiques irlandais, l’Emigrant Industrial Savings Bank. Situé aux 49-51 Chambers Street dans le quartier du Civic Center, l’imposant bâtiment de style Beaux-Arts a longtemps été délaissé faute de projet à sa hauteur. 3000 mètres carrés de surface qui ne demandaient qu’à revivre et qui accueillent désormais le Hall des Lumières. Et c’est l’exposition « Gustav Klimt: Gold In Motion » qui inaugurera, le mercredi 14 septembre, ce premier centre permanent d’art numérique de Big Apple.
« Nous recherchons toujours des lieux emblématiques et iconiques, explique Fouques d’Aboville, Directeur international de Culturespaces depuis 5 ans. C’est systématiquement au moins un an de travaux ». En l’occurence, ceux de New York auront duré deux années. Le bâtiment, classé monument historique en 1985 par la Landmarks Preservation Commission, date de 1912 et constituait à l’époque la plus grande banque des États-Unis. Les New Yorkais découvraient l’architecture en « H » des gratte-ciel, une construction propice à la pénétration de la lumière, si recherchée à l’intérieur des skycrappers.
La banque a quitté son siège en 1965 et l’a vendu à la ville, qui l’a utilisé comme bureaux municipaux. En 2013, le maire Michael Bloomberg cherchait (déjà) à réduire les espaces de bureaux dans Manhattan. Le bâtiment a été revendu au groupe immobilier Chetrit pour 89 millions de dollars. Les deux tours ont été depuis converties en appartements de luxe et l’architecture centrale, salle principale de la banque historique, louée il y a deux ans à Culturespaces et à son partenaire new-yorkais l’agence IMG. Le montant du lease reste confidentiel. « Chaque nouveau projet est un défi, on a une base de coûts évidemment très importante », reconnaît Fouques d’Aboville.
L’Emigrant Industrial Savings Bank a été gardée « dans son jus » et, comme dans les sept autres espaces des Lumières de Culturespaces, intégrée dans la création immersive. Les portraits et paysages lumineux de Gustav Klimt épousent ainsi l’architecture du lieu, des murs de marbre aux colonnes monumentales, jusqu’aux anciens guichets XIXème de la banque. Chacune des frises et corniches est incorporée dans le projet numérique.
« L’exposition nous entoure du sol au plafond, tous les éléments du décor sont animés », souligne Foulques d’Aboville. Nous avons une installation technologique exceptionnelle et extrêmement complexe. Sans se vanter, c’est ce qui se fait de mieux au monde. » Maintes fois copié – on se souvient du cafouillage de l’an dernier avec la prolifération des expositions immersives sur Van Gogh – mais fort de dix années d’expérience, le pionnier des centres d’art numérique reste imbattable côté moyens avec 130 vidéo-projecteurs installés dans tous les recoins du lieu.
Sous la houlette d’un Français bien connu à New York, Pierre Battu, récemment nommé General Manager du nouveau centre d’art, la découverte de l’exposition commence par l’ancienne salle principale de la banque. Vaste espace qui s’étend sur un block, de Chambers Street à Reade Street, ses plafonds à caissons de douze mètres de hauteur sont remarquables, garnis de panneaux de vitraux dont la plupart d’origine. Elle se poursuit sur la mezzanine, qui offre une vue plongeante sur cette salle impressionnante. La visite s’achève au sous-sol où la présence du coffre-fort historique avec sa lourde porte blindée confère une ambiance particulière. L’ancienne réserve à billets a été tapissée de miroirs où se reflètent les images de l’exposition « Recording Entropia » sur les vastes possibilités de l’esprit humain. Car en plus de l’exposition « longue » (environ une heure) consacrée à Gustav Klimt, des expositions « courtes » ou mi-projections seront également présentées, dont un film sur Friedensreich Hunderwasser, un architecte et artiste autrichien inspiré par Klimt, un autre sur l’histoire du bâtiment ou encore une création contemporaine du studio Nohlab intitulée 5 Mouvements – 5 différents types de mouvements corporels.
« On fait découvrir l’art aux visiteurs uniquement par l’immersion et par les sens », précise Foulques d’Aboville, en réponse aux critiques sur les expositions immersives, accusées de dénaturer l’œuvre des artistes. Une façon totalement différente de découvrir l’art qui intéresse un panel extrêmement large de personnes, que ce soient des amoureux de l’art et de la culture ou des gens qui ne mettent jamais les pieds dans un musée. Le visiteur est libre de déambuler comme il veut, il découvre aussi bien l’exposition que le bâtiment. »
Selon le responsable de Culturespaces, la digitalisation du processus des expositions répond également à la difficulté de monter de grandes rétrospectives. « C’est de plus en plus compliqué d’obtenir des prêts d’œuvres, les expositions temporaires se raréfient parce-que les coûts de transports augmentent, le prix des assurances également, les musées n’ont pas forcément la place suffisante… On ne s’est jamais présentés comme un musée. On apporte l’art dans une ville. Les gens viennent, apprécient ou non le concept », assure Foulques d’Aboville, avant d’ajouter que 9 visiteurs sur 10 apprécient l’expérience immersive, selon les sondages et réseaux sociaux du groupe. La liste des projets s’allonge pour Culturesaces : après la France, la Corée du Sud, Dubaï, Amsterdam et New York cette année, les Lumières se porteront sur l’Allemagne. L’ouverture du Phoenix des Lumières à Dortmund est prévu pour la fin de l’année et le Port des Lumières à Hambourg en 2024.
Hall des Lumières. Gustav Klimt: Gold In Motion. Ouvert 7 jours sur 7 de 10am à 7pm du dimanche au mercredi, nocturne jusqu’à 10pm du jeudi au samedi. Entre 12$ et 30$, gratuit pour les 4 ans et moins. Billets ici.
Gagnez dix places pour les 17 et 18 septembre: Le Hall des Lumières offre dix places aux lecteurs de French Morning. Pour participer au tirage au sort, entrez vos coordonnées ici: