Corentin Macias, le cofondateur de HEYWEAR, n’a pas eu besoin de porter de lunettes jusqu’à l’âge adulte. Mais lorsqu’il a dû aller se faire prescrire et acheter des lunettes, il a été stupéfait par la complexité de la procédure. Trouver un rendez-vous pour une visite chez l’ophtalmologue, puis aller chez un opticien pour essayer des lunettes, et revenir une troisième fois pour le réglage. « Le marché de l’optique n’est pas du tout efficient. Pour moi, il fallait proposer une offre plus pratique, résoudre les problèmes de rapidité et de prix ».
Alors qu’il travaille pour le fonds d’investissement HCVC (Hardware Club) à Paris, il décide de creuser les recherches sur ce marché. Et identifie rapidement les besoins du marché américain. « Aux États-Unis, trois adultes sur quatre ont besoin de lunettes, et le système de santé est beaucoup moins protecteur qu’en France ». Fin 2018, cet ingénieur commence à poser les jalons de ce qui deviendra HEYWEAR. La promesse est simple mais attractive : toute personne peut entrer sans rendez-vous dans le studio, choisir ses montures, recevoir un examen d’optique poussé et obtenir ses lunettes. Le tout en moins de 30 minutes, et même 10 minutes dans un scénario optimal. Et tout cela pour un budget très raisonnable: 50 dollars pour l’examen, et entre 50 et 125 dollars pour les lunettes.
Corentin Macias n’en est pas à son premier projet entrepreneurial. Pendant son MBA à Polytechnique/Berkeley, il a monté une application connectée pour la maison dès sa construction, puis un projet plus médical, avec des écouteurs chargés d’étudier l’activité cérébrale. Et enfin, une startup à Anglet qui produit des planches de surfs de façon plus écoresponsable, Wyve. Mais pour mener à bien ce nouveau projet ambitieux, il s’est associé à un entrepreneur chevronné : Alexandre Jais, qui officie comme président et CTO et dirige une équipe de développeurs depuis Paris. Le duo a aussi été rejoint par une CEO américaine d’expérience : Jaclyn Pascocello, l’ancienne COO des co-working Spacious, rachetés par WeWork.
Certes, HEYWEAR n’est pas le premier à disrupter le marché de l’optique, et arrive après le géant Warby Parker. Mais il reste de la place, estime Corentin Macias, la licorne américaine n’offrant pas une expérience aussi complète que HEYWEAR. Les prix y sont plus chers et on ne peut pas recevoir sa paire de lunettes immédiatement, à sa sortie du magasin. En outre, l’examen est nettement plus élaboré chez HEYWEAR, puisqu’il permet aussi d’identifier des maladies de l’œil, et d’orienter vers un spécialiste en cas de besoin.
Les deux fondateurs et leurs équipes ont longuement travaillé sur l’élaboration de leur offre, et ont opté pour une intégration complète de leurs services. « Nous gérons en direct tous les aspects de l’expérience client : le design des montures, les magasins, et nous employons les médecins en direct. Enfin, nous avons une technologie médicale et des logiciels propriétaires ». HEYWEAR s’est lancé en douceur, a ouvert un premier studio aux familles et amis fin 2019, afin d’optimiser sa machine de découpe des verres. Covid oblige, il a réussi à trouver une belle opportunité d’espace et le mois dernier, a ouvert ses portes sur Lafayette Street, à NoHo. Il y stocke plus de 3.000 types de verres différents, afin d’assurer la montée en puissance des volumes de ventes. Car le bouche-à-oreille a déjà bien fonctionné : le studio Heywear a affiché plusieurs heures d’attente lors des premiers jours d’ouverture.