Malgré les difficultés de voyage, Virgile Loisance a choisi de passer quelques semaines en Guadeloupe, où il est enfin sur le même fuseau horaire que les Américains et peut travailler au développement de son entreprise outre-Atlantique. Car Emeraude Digital Escape, une entreprise qui propose des « escape games » virtuels, est en plein essor aux Etats-Unis. « Nous avons lancé notre offre il y a à peine trois mois sur le marché américain et il a très bien réagi. Les entreprises nous contactent d’elles-mêmes et ont des projets plus ambitieux qu’en Europe », raconte Virgile Loisance, le fondateur de la société.
Pourtant, la situation était loin d’être aussi réjouissante il y a seulement un an. Après un lancement réussi fin 2018, Emeraude Escape Game avait réussi à se hisser comme leader européen de l’escape game en entreprise. L’offre consiste à créer des « escape games » (jeux de logique et de résolutions de problèmes en immersion) sur-mesure et en physique dans les entreprises, afin de transformer en jeu les outils classiques des ressources humaines. « Notre ambition est de ‘gamifier’ les process de recrutement, de formation ou de sensibilisation des entreprises ». Les plus grandes entreprises françaises deviennent rapidement des clients : Hermès, LVMH, L’Oréal, Orange, Cap Gemini, Engie.
Mais l’arrivée de la pandémie a coupé court à ce beau développement. « Tout s’est arrêté d’un seul coup, nos clients nous ont demandé à passer en digital, nous avons dû pivoter et transformer l’entreprises en l’espace de deux mois. Nous avons immédiatement recruté des développeurs, et notre équipe est passée de 20 à 35 personnes ». L’entreprise se rebaptise Emeraude Escape, et propose de fournir un jeu digital en un temps record : le client peut obtenir son jeu en six semaines, soit un délai deux fois plus rapide que ses concurrents, selon Virgile Loisance.
Grâce à ce format digital, l’entreprise peut désormais viser l’international plus rapidement que prévu. Début 2021, elle se lance aux États-Unis, au Canada, en Italie, en Allemagne et en Espagne. Et c’est le marché américain, où l’offre est encore très limitée à l’heure actuelle, qui est aujourd’hui le plus dynamique. Les entreprises américaines ont des budgets moyens deux fois plus importants (environ 80.000 euros par jeu contre 40.000 en Europe) mais sont aussi plus exigeantes en termes de sécurité informatique, ce qui a obligé la start-up à monter en puissance sur ce plan.
L’entreprise a recruté un responsable pour l’Amérique du Nord, basé à Montréal, mais compte ouvrir un bureau aux États-Unis d’ici la fin de l’année pour accompagner ce développement fulgurant. « Nous prévoyons de générer 50 % de notre chiffre d’affaires aux États-Unis d’ici la fin de l’année ». Cette rapide se fait sans financement externe : Virgile Loisance, qui détient toujours 100 % du capital, a investi 300.000 euros pour le développement international, et les profits du groupe sont intégralement réinvestis.
Le meilleur gage de son succès est aujourd’hui sa capacité à recruter et fidéliser ses clients, alors même qu’Emeraude Escape Game n’a pas de force commerciale. « Deux clients sur trois recommandent des jeux suivants ». Le fondateur ne compte d’ailleurs pas s’arrêter aux escape games : le groupe travaille sur le lancement d’une nouvelle ligne de jeux virtuels, et compte prendre rapidement sa place de leader mondial sur ce segment prometteur.