En quelques jours, la menace du coronavirus a changé de visage à New York, avec la fermeture annoncée dimanche soir de Columbia University pour deux jours, et de plusieurs écoles publiques dans le Westchester pour une semaine. Dans les écoles françaises, comme dans les autres, l’heure est donc aux précautions et préparations.
La principale mesure concrète a le plus souvent été l’annulation de tous les voyages à l’étranger, comme c’est le cas au Lycée Français de New York. “C’est une précaution pour la santé de nos élèves bien sûr, mais aussi pour s’assurer qu’ils ne soient pas bloqués à l’étranger au cas où des restrictions d’entrée sur le territoire seraient décidées”, explique Elisabeth King, directrice de la communication de l’établissement. The Ecole a choisi de ne pas donner suite aux événements prévus, tels les séminaires des enseignants et les sorties locales avec les enfants. Malgré tout,“tant que la menace ne pèse pas sur notre établissement, nous souhaitons garder un certain équilibre afin de ne pas bouleverser le système scolaire mis en place. Nous restons très prudent et attentif à la situation.” Explique Philippe Roux, dirigeant de The Ecole.
L’école maternelle du FIAF (French Institute Alliance Française) invite les parents et enseignants à réguler leurs déplacements à l’étranger. “Pour l’instant, nous n’envisageons pas de fermer l’établissement, et nous espérons ne pas en arriver là. Nous suivons de près les recommandations du Département de la santé” explique Sandrine Nguyen-Ba, directrice de l’école maternelle. Pour le reste, l’heure est au nettoyage “renforcé”: plus approfondi et plus fréquent, comme c’est le cas de toutes les écoles contactées, notamment Saint John and Paul School dans le Westchester (“nous réexpliquons les bases de l’hygiène, le lavage des mains fréquents, etc”), le VHG Group (écoles Arc-en-Ciel et Petits-Poussins notamment), The Ecole, le Lyceum Kennedy, ou encore Science Language & Arts International School (SLA). Dans le New Jersey, Tessa International School innove en produisant une série animée: “Le but est d’éduquer les élèves de manière ludique en leur réapprenant les règles hygiéniques élémentaires”.
Communiquer clairement
Plus que tout, les écoles prennent soin de communiquer avec les familles, en les informant par email des informations disponibles, des recommandations des autorités de New York. “Avant tout, la priorité est de communiquer clairement avec les élèves et familles, souligne Elisabeth King. Il est essentiel que tout le monde sache ce que nous prévoyons”.
Pour l’heure, la ville de New York ne prévoit pas de fermer les écoles. “Si il y a des fermetures, a précisé le maire Bill de Blasio, ce serait pour des raisons spécifiques et pour le moins longtemps possible”, ajoutant que les enfants semblent jusqu’à maintenant peu touchés par le virus et que “les écoles ne sont pas les endroits qu’on visera en priorité pour contrôler l’épidémie”. En revanche, dans le Westchester, en banlieue nord de la ville, où se situe la plus forte concentration de cas connus, la ville de Scarsdale a décidé de fermer ses écoles publiques pour la semaine après qu’un professeur de collège ait été diagnostiqué comme porteur du COVID-19
Cours par vidéo
La perspective d’une fermeture est dans tous les esprits. Le Lycée français se prépare par exemple avec un plan qui consisterait à permettre aux élèves de “continuer à apprendre même s’ils ne peuvent plus venir à l’école”. Pour ce faire, l’établissement s’appuie sur l’expérience d’enseignement à distance de certains enseignants. “Nous voulons que les choses soient le moins perturbées possible si nous devions en arriver à la fermeture, notamment en respectant l’emploi du temps des élèves”. Outre les outils en lignes déjà utilisés au quotidien par les élèves (pour leurs devoirs à la maison), les enseignants vont ainsi être formés cette semaine à l’utilisation du logiciel Zoom pour pouvoir faire cours par vidéo. Chez Tessa, dans le New Jersey, on prévoit de “mettre en place des cours à distance si cela devenait nécessaire. L’important est de protéger au maximum la santé de nos élèves et personnel éducatif.” The Ecole a également su s’adapter à la situation : “Si nécessaire, nous sommes déjà prêts à passer immédiatement à l’enseignement à distance, avec un plan détaillé et déjà établi sur lequel notre administration et nos enseignants ont travaillé avec diligence.” explique Philippe Roux.
Plus compliqué à envisager pour les écoles maternelles, le choix des cours en ligne est pourtant envisagé également par le FIAF qui, en tant qu’institution culturelle, a aussi à gérer d’autres effets du coronavirus. “Nous sommes très dépendants de la France et de ses annulations de voyage”, explique Marie-Monique Steckel. Laure Adler qui devait parler lors de l’hommage à Chantal Ackerman n’a par exemple pas été autorisée à se déplacer, par Radio France. “Pour le moment, les gens viennent aux événements et il n’y a pas de psychose” conclue-t-elle.
(Article de Manon Seguin avec Paulino Lopez)