Installés en Californie depuis le début des années 80, Frédéric et Nicolas Meschin ont pris sous leur aile la troupe française du film dès son arrivée en terre hollywoodienne. «Lorsque le réalisateur Michel Hazanavicius et son équipe sont arrivés à Los Angeles il y a près de deux ans pour commencer ce projet, tout le monde est venu manger chez nous, sans trop nous connaître, raconte Frédéric Meschin, 50 ans. Nous sommes vite devenus amis et nous leur avons un peu fait découvrir les dessous de la ville, les endroits insolites. Le courant est bien passé et l’équipe venait ensuite manger le couscous chez nous quasiment tous les soirs.»
Quelques mois après la fin du tournage, les deux frères originaires de Charente-Maritime se chargeaient même d’organiser la réception faisant suite à l’avant-première du film au Chinese Theater. «Nous avons eu un coup de cœur pour leur projet et c’était notre manière à nous de les accompagner. C’était ambitieux, mais loin d’être fou car Michel savait exactement ce qu’il voulait faire. De tous les films proposés ces dernières années, The Artist est l’un des plus aboutis.»
L’œil averti des frères Meschin ne s’y trompe pas. Le milieu du cinéma n’a, il est vrai, plus aucun secret pour eux. Leurs restaurants, The Little Door et The Little Next Door, servent fréquemment de décor pour les tournages, et sont les rendez-vous incontournables du show-business hollywoodien, affichant une clientèle comptant entre autres, Halle Berry, Jim Carrey, Scarlett Johansson, Ryan Reynolds, Courteney Cox, Britney Spears, Katy Perry, Jay-Z, la famille Kardashian, Paris Hilton ou David Beckham.
Une réussite que les deux Saint-Palaisins ne doivent pas au hasard : «Je suis arrivé en 1983 à Los Angeles et mon frère m’a rejoint en 1986», poursuit Frédéric Meschin. «A l’époque, il y avait tout à faire en matière de culture et de nourriture, et les lois étaient plus souples. Nous avons pu monter les restaurants et les clubs les plus fous, dans des lieux improbables. Nous avons fait venir des troupes brésiliennes, africaines, nous avons vu U2 jouer avec des vieux maîtres du blues, nous avons eu David Bowie, Tom Waits, et nous avons même fait venir les Rita Mitsouko et les Négresses Vertes. Nous avons amené un esprit qui n’existait pas. C’est ce qui a fait notre force, notre réputation et notre succès qui perdure aujourd’hui.»
Ces princes de la nuit hollywoodienne s’effaceront cependant derrière le succès de «The Artist» ce dimanche. Et les deux frères se tiendront prêts à recevoir l’équipe du film pour célébrer les éventuelles statuettes obtenues par Jean Dujardin, Bérénice Bejo et Michel Hazanavicius : «Nous n’avons pas programmé leur venue, car ils seront très pris à l’issue de cette cérémonie. Mais il y a de fortes chances qu’ils passent nous voir. Nous organiserons alors un repas un peu privé, entre nous, pour les aider à se détendre.»
Et lorsque le casting du film aura repris l’avion en direction de Paris, Frédéric et Nicolas Meschin continueront, eux, à régaler le tout Hollywood.